Un duel de chiffres et de styles
Le tirage au sort l'avait désigné. C'est François Hollande qui a commencé à parler, et s'est donc retrouvé en position d'interpeller Nicolas Sarkozy sur son bilan. Il a regretté les performances de l'économie françaises face à l'Allemagne. "Nous sommes aujourd'hui à 0,7% de croissance, quand les Allemands sont à un peu plus de 1% et les États-Unis à 2% ".
"Selon le BIT, lui a répondu Nicolas Sarkozy, le chômage a augmenté de 422.000 entre 2007 et 2011, soit
18,7%. Sur la même période, il a progressé de 39,6% dans la zone
euro. Donc nous avons un taux de chômage qui a augmenté deux fois moins
que celui de nos partenaires ".
"Dire que nous avons fait des cadeaux aux riches, c'est un mensonge, vous êtes un calomniateur" - Nicolas Sarkozy
Les chiffres ont volé, dans les deux sens, au cours de la première heure du débat, consacrée à l'économie. Chaque candidat a presque systématiquement nié la véracité des statistiques avancées par l'autre.
Les accrochages se sont aussi multipliés sur les grands dossiers, comme les impôts. "Aller dire qu'il n'y a plus d'impôt sur la fortune,
que nous avons fait des cadeaux aux riches, c'est une calomnie, c'est un
mensonge , s'est indigné Nicolas Sarkozy. Vous êtes un petit calomniateur. "
"Vous n'êtes pas capable de tenir un raisonnement sans être désagréable
avec votre interlocuteur, lui a répliqué François Hollande. Et vous dites que vous êtes un président
rassembleur ? "
"Vous avez
toujours un bouc émissaire : les régions, la crise... Ce
n'est jamais de vote faute" - François Hollande
Nicolas Sarkozy a plusieurs fois confronté François Hollande aux critiques d'autres socialistes, prononcées au moment de la primaire. "Si la TVA anti-délocalisation est une si mauvaise idée, on se demande pourquoi Manuel Valls, votre propre porte-parole, en a fait son principal thème de campagne pendant la primaire socialiste ! "
Offensif, François Hollande n'a pas hésité à couper Nicolas Sarkozy pour le corriger ou recadrer des propos. Il a aussi attaqué sa stature en l'accusant de changer d'avis, par
exemple sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux
municipales : "Vous y étiez favorable en 2008. Vous changez de position : vous avez le droit ."
Stature contre stature
Chaque candidat a aussi contesté à l'autre toute stature présidentielle. François Hollande a choisi l'angle de la responsabilité : "Avec vous, c'est très simple, ce n'est jamais de votre faute. Vous avez
toujours un bouc émissaire : les régions, Pôle emploi, la crise... Ce
n'est jamais vous ."
Nicolas Sarkozy a choisi le thème de la normalité : "La fonction de président de la République n'est pas une fonction normale, et la situation n'est pas une fonction normale. Votre normalité n'est pas à la hauteur des enjeux ."
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