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Valérie Trierweiler déballe, mais qu'a-t-elle à y gagner ?

Vie privée, cachet de l'éditeur, thérapie post-rupture, carrière... Francetv info examine les potentiels effets bénéfiques (ou négatifs) pour l'ex-Première dame de cette opération confidences.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Valérie Trierweiler, le 6 décembre 2013, à l'Elysée, à Paris. (MAXPPP)

Le livre choc de Valérie Trierweiler Merci pour ce moment s'est arraché dès son jour de sortie, jeudi 4 septembre. Face à la déferlante d'accusations contre François Hollande, ministres et personnalités de gauche ont lancé une contre-offensive pour discréditer l'ouvrage. 

Dans son livre, l'ancienne compagne du président raconte comment elle a appris, en janvier, l'existence d'une liaison entre le chef de l'Etat et l'actrice Julie Gayet. Elle y présente François Hollande comme "déshumanisé" par le pouvoir et se moquant des pauvres. Si la presse fait ses choux gras de ce déballage intime, et si les lecteurs sont au rendez-vous, Valérie Trierweiler est-elle, elle, vraiment gagnante ? Vie privée, cachet de l'éditeur, thérapie post-rupture... Francetv info examine les potentiels effets bénéfiques, ou non, pour l'ex-Première dame.

Le jackpot : sûrement

Si l'existence du livre est restée secrète jusqu'à mardi, l'éditeur de Merci pour ce moment, Les Arènes, s'attend à connaître un grand succès, et la sortie de l'ouvrage a été minutieusement préparée. Le livre a été tiré à 200 000 exemplaires, dont 120 000 sont directement mis en place dans les librairies et les grandes surfaces à 20 euros l'unité. Un très gros tirage, comparable à ceux de romanciers à succès comme Amélie Nothomb ou Marc Levy. Le jour de sa sortie, Merci pour ce moment est déjà numéro un des ventes sur Amazon et à la Fnac, qui évoque auprès d'Europe 1 "le plus gros démarrage depuis cinq ans". Des libraires ont expliqué à Culturebox qu'ils étaient littéralement pris d'assaut. "Ça n'arrive presque jamais, voire jamais !", confie l'un d'entre eux. Et sur Twitter, des internautes témoignent de l'engouement pour le livre de l'ex-Première dame. 

Pour ce gros coup, Valérie Trierweiler n'a pas touché "d'à-valoir phénoménal, notamment les 100 000 euros avancés à tort dans la presse, mais, suivant l'habitude des Arènes, des droits d'auteur très élevés", explique Le Monde (article abonnés). Si les 200 000 exemplaires mis en vente  s'écoulent, elle pourrait gagner plus de 600 000 euros, selon les calculs du Figaro

Une thérapie après la rupture : pas sûr

L'écriture comme thérapie après la rupture ? Sur ce point, les avis divergent. Dans sa démarche, Valérie Trierweiler a à cœur de faire partager sa douleur, celle d'une femme trompée, répudiée publiquement. "Il est important pour qui que ce soit de faire savoir que l'on a souffert car il s'agit de 'restaurer quelque chose' sur le plan identitaire", explique Lysiane Panighini, psychopraticienne, à L'Express.fr. Pour Valérie Trierweiler, se confier, c'est aussi être reconnue publiquement comme une victime, selon cette spécialiste. "Cette femme a, dans son esprit, vécu une véritable injustice. Il faut savoir que globalement, c'est une des choses les plus difficiles à vivre (...) Dans ce cas précis, elle estime rétablir 'la vérité'". Pour l'ancienne compagne du président de la République, la publication de son livre est une façon de "reprendre la parole". "La répudiation publique est un effondrement narcissique : Valérie Trierweiler n'était plus traitée en être humain mais en objet qu'on délaisse", analyse Violaine-Patricia Galbert, conseillère conjugale, interrogée par Metronews.

Avec son lot d'anecdotes qui égratignent François Hollande, ce texte ressemble à une vengeance en bonne et due forme. Est-elle bénéfique ? "La vengeance soulage rarement", prévient la psychanalyste Laura Gélin auprès de L'Express. "C'est une réaction humaine, mais notre propre souffrance ne peut être gommée par celle de l'autre." Si la vengeance est un réflexe humain après une rupture douloureuse, elle ne permet pas de tourner la page. "Le problème, c'est que la vengeance empêche la rupture de se faire. L'autre est toujours là", décrypte le psychanalyste Patrick Avrane, interrogé par Madame Figaro.

Une vie privée vraiment privée : vraiment pas sûr 

Dans son livre, Valérie Trierweiler mêle tout : vie privée et vie publique. Ce grand déballage risque d'entraîner la poursuite, voire d'amplifier la traque de l'ancienne Première dame par la presse people. Depuis la rupture avec François Hollande, la journaliste fait la une de Paris Match, Closer, France Dimanche... pour ses actions caritatives. Mais la plupart du temps, c'est la vie privée de Valérie Trierweiler qui intéresse ces médias. Le 7 février, elle a porté plainte pour "atteinte à la vie privée" contre Closer. L'hebdomadaire avait publié des photos d'elle en maillot de bain sur les plages de l'île Maurice. "Je veux qu'on laisse ma mère tranquille. Après son épreuve, elle a droit au repos. Honte à 'Closer' et 'Voici'", avait écrit sur Twitter le fils cadet de Valérie Trierweiler, Léonard, peu de temps après la révélation de l'affaire Hollande-Gayet. Le jeune homme avait également dénoncé les paparazzis qui rôdaient autour de leur domicile parisien. 

"Beaucoup de choses ont été écrites, beaucoup de choses fausses également... Quand votre vie privée est à ce point dévoilée, à ce point dévoyée, à ce point déformée et même salie, on n'a plus envie d'en parler, voilà. Aujourd'hui, ma vie privée m'appartient", expliquait Valérie Trierweiler à Europe 1 en mai. Après la publication des premiers extraits de Merci pour ce moment, c'est justement le déballage de sa relation et le non-respect de la vie privée qui lui sont reprochés par les politiques. De gauche à droite, de nombreuses personnalités ont dénoncé le "manque de pudeur" de l'ancienne compagne de François Hollande, comme le souligne Le Figaro. Le député UMP Hervé Mariton regrette qu'elle étale "sa vie privée sur la place publique". Pour l'écrivain et ancien critique littéraire Laurent Sagalovitsch, cet ouvrage représente une forme de "pornographie des sentiments". "Livrer ainsi ses secrets d’alcôve à la face de l’opinion publique provoque chez nous, au mieux de la consternation, au pire du dégoût", écrit-il sur son blog

Un rebond dans sa carrière : peut-être

Ancienne journaliste politique (c'est par ce biais qu'elle a rencontré François Hollande), Valérie Trierweiler continue d'écrire une chronique littéraire pour Paris Match. Elle a d'ailleurs réservé l'exclusivité des bonnes feuilles à son employeur. Olivier Royant, directeur de la rédaction du magazine, est ravi de son coup. Et il semble avoir aimé le livre : il explique avoir "un sentiment de sidération, c’est un livre intense de la première à la dernière page". "On a l’impression d’être dans un procès de divorce. On ignore si on est juge ou juré. On voit que c’est d’abord le récit d’une femme trompée qui en veut au mari qui l’a trompée, et elle revisite aussi une relation avec des heures heureuses. On rentre dans le mystère d’un couple", explique Olivier Royant, comme le rapporte 20 minutes

Son style en tout cas ne plaît pas à tout le monde. Laurent Sagalovitsch évoque un "règlement de comptes écrit à la va-vite dont il suffit de lire les extraits proposés pour réaliser toute la laideur d’une écriture réduite à sa plus simple expression, désincarnée, simpliste afin de ne pas perturber un de ces vagues lecteurs habitués à acheter ses nourritures spirituelles en même temps que son baril de lessive". Pour Renaud Dély, le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, la qualité de journaliste de Valérie Trierweiler "ne fait qu’alourdir [son] forfait". "Puisqu’elle dispose d’une carte de presse, l’intéressée aurait dû comprendre qu’embedded jusque dans le lit présidentiel, elle était précisément dans l’impossibilité professionnelle d’écrire sur ce sujet", estime le journaliste, selon qui "le conflit d’intérêt atteint là une forme de pureté cristalline". Dans tous les cas, la journaliste est devenue "bankable" pour les éditeurs, et pourrait être sollicitée pour recommencer un "coup". L'ex-Première dame ne manque pas de matière : "Elle est inarrêtable, elle a encore tous leurs textos. [Hollande] ne peut pas tenir trois ans comme ça...", s'inquiète ainsi un responsable du Parti socialiste. 

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