"Valeur travail" : elle "a toujours été au coeur de la pensée de la gauche", estime Bernard Cazeneuve
L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve a dénoncé l'"absurdité du débat qui s'est engagé à gauche", où le communiste Fabien Roussel a été taxé "d'homme de droite" parce qu'"il pose la question de la valeur travail".
"La valeur travail a toujours été au cœur de la pensée de la gauche", affirme Bernard Cazeneuve sur franceinfo mardi 20 septembre, revenant sur la "valeur travail" dont le patron du Parti communiste français Fabien Roussel s'est récemment dit le défenseur fustigeant une "gauche des allocs". "Quel est le combat historique de la gauche dans le temps long de son histoire ? C'est un combat pour que chacun puisse accéder à la dignité et à l'autonomie par l'éducation et le travail", estime l'ancien Premier ministre sous François Hollande.
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Pour Bernard Cazeneuve, la gauche s'est "toujours mobilisée pour que ceux qui étaient dans le monde du travail ne soient pas asservis par celui-ci." Ainsi, poursuit-il, Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, "ne dit rien d'autre qu'une réalité historique en assumant l'histoire de son propre parti et il est immédiatement excommunié pour avoir osé dire ce que Jean-Luc Mélenchon disait il y a quelques années à la télévision : il vaut mieux l'autonomie et la dignité par le travail." "Il faut avoir perdu la raison pour ne pas le reconnaître", insiste Bernard Cazeneuve.
Un débat qui "fabrique des votes d'extrême droite"
L'ancien maire PS de Cherbourg a également réagi aux propos de la députée écologiste, Sandrine Rousseau qui revendique le "droit à la paresse" : "Je ne connais personne qui se soit épanoui dans la paresse totale. Ça n'existe pas." Bernard Cazeneuve estime que ce débat "montre l'absurdité du contexte dans lequel nous nous trouvons. Il faudra que l'on explique aux Français comment on fait de la justice sociale sans créer à aucun moment aucune richesse. Et quand on dit des choses aussi simples et aussi raisonnables que cela, on est aujourd'hui un homme de droite. C'est qu'il y a un problème à la gauche de la gauche".
L'ancien ministre de l'Intérieur est convaincu que les Français qui travaillent et qui ont des difficultés concrètes "regardent ce débat avec des yeux comme des soucoupes" et que cela "fabrique des votes d'extrême droite en quantité industrielle."
C'est la gauche "qui m'a quitté"
Concernant son départ du PS après la création de la Nupes, Bernard Cazeneuve explique avoir fait ce choix "avec beaucoup de tristesse" et reste "viscéralement attaché à cette famille politique." "Je ne l'ai d'ailleurs pas quittée, c'est elle qui m'a quitté en raison des choix qu'elle a fait", précise-t-il.
"Je ne fais pas de procès d'intention à Jean-Luc Mélenchon et à LFI et je ne mets pas dans le même panier les prises de position de certains responsables LFI et la gauche dans son ensemble, tient à préciser Bernard Cazeneuve, mais lorsque ce parti et certains de ses responsables déclarent que ‘la police tue’ ou bien laisse entendre que la République dans son ensemble est organisée pour favoriser les discriminations [...] je ne suis pas d'accord." "On ne peut pas vouloir l'union de la gauche et la division du pays dans le même temps", ajoute-t-il.
L'ex-socialiste accuse par ailleurs la Nupes d'être sectaire : "Tous ceux qui ont une autonomie de pensée sont excommuniés parce qu'ils ne sont pas dans la ligne."
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