: Vidéo Racisme en politique : "Cette place est réservée à un Blanc", témoigne Kofi Yamgnane

Après les insultes visant Christiane Taubira sur fond de légalisation du mariage pour tous, il avait déclaré : "La France n'est pas devenue raciste, elle l'a toujours été" (des propos sur lesquels il est revenu ensuite). Kofi Yamgnane, ancien ministre d'origine togolaise, sait de quoi il parle. C'est le tout premier maire noir de France (élu en 1989 à Saint-Coulitz, en Bretagne), le pionnier. Il témoigne dans cet extrait d'un reportage de "Complément d'enquête".

Maire, conseiller général puis régional, député PS du Finistère, secrétaire d'Etat chargé de l'Intégration sous François Mitterrand (1991-1993)… en trente ans d'un parcours exemplaire, il en a reçu, des lettres d'insultes. Des "sale nègre, on aura ta couenne", "Bamboula"… et même une carte sur laquelle "on s'est torché".

"Purement et simplement de l'affichage"

La haine, il a dû faire avec depuis le début. "Quand on est noir et qu'on a des responsabilités politiques en France, il faut s'attendre à ça, déplore-t-il. C'est ça que ça veut dire. Ça veut dire que je ne suis décidément pas à ma place. Cette place est réservée à un Blanc." 

Pourquoi François Mitterrand a-t-il fait appel à lui ? Pour "réconcilier les Français avec leurs exclus", comme il le lui a dit ? Ou seulement pour le symbole ? Et "sans les moyens qu'il aurait fallu pour réussir cette mission d'intégration"… Un premier rendez-vous de la diversité, raté comme le seront les suivants, analyse l'historien Pascal Blanchard : "C'était purement et simplement de l'affichage."

Extrait de "Noirs de France : l'impossible élection", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 5 octobre 2017.