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Pourquoi l'UMP n'aurait pas dû organiser de primaire à Paris

Pour au moins quatre raisons, le vote qui doit désigner le candidat de la droite aux municipales vire au fiasco. 

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
De g. à d., les candidats à la primaire UMP à Paris, Jean-François Legaret, Pierre-Yves Bournazel et Nathalie Kosciusko-Morizet, le 9 avril 2013 à Paris. (MAXPPP)

C'est un vote qui devait servir de rampe de lancement à l'heureux ou à l'heureuse élu(e). Alors que le premier tour s'achève lundi 3 juin à 19 heures, la primaire UMP pour les élections municipales à Paris vire littéralement au fiasco. Soupçons de fraude, participation relativement faible, demande d'annulation du vote par l'un des candidats… Francetv info revient sur quatre raisons pour lesquelles l'UMP aurait mieux fait de ne pas organiser de primaire à Paris.

1Parce qu'une seule favorite fait face à des inconnus

Une primaire sert avant tout à donner au vainqueur une légitimité populaire. Lorsque plusieurs poids lourds se font face, ce type de scrutin doit faire émerger l'un d'eux au-dessus des autres. L'exemple le plus récent en la matière est celui de François Hollande : sa victoire sur Martine Aubry en octobre 2011, avec plus de 56% des voix, lui a permis d'obtenir une légitimité incontestée au sein du Parti socialiste.

Problèmes : primo, désigner un candidat à l'élection présidentielle est un tant soit peu plus enthousiasmant que de désigner le candidat d'un parti à une élection municipale… Secundo, Nathalie Kosciusko-Morizet ne transcende pas franchement la droite parisienne. Tertio, elle fait figure de seule favorite face à d'illustres inconnus : le maire du 1er arrondissement, Jean-François Legaret, le conseiller du 18e arrondissement Pierre-Yves Bournazel, et le conseiller régional proche de Christine Boutin Franck Margain.

Résultat : le vote est apparu plié d'avance, et sa médiatisation a été réduite au strict minimum.

2Parce que l'UMP était suffisamment divisée comme ça

A l'UMP, certains espéraient également que le succès (éventuel) de ce vote populaire pourrait faire oublier la guerre interne née de l'affrontement entre Jean-François Copé et François Fillon à l'automne. Las. La primaire parisienne a mis en lumière les divisions internes sur le mariage pour tous, le vice-président de l'UMP Guillaume Peltier appelant par exemple à sanctionner Nathalie Kosciusko-Morizet pour son abstention le jour du vote à l'Assemblée.

Le député parisien Claude Goasguen, lui, a relayé une vidéo laissant entendre que le candidat Jean-François Legaret avait soutenu dans le passé l'association GayLib, cercle de réflexion sur la cause homosexuelle anciennement lié à l'UMP. Dénonçant "une campagne de désinformation de grande ampleur", Legaret a porté plainte pour faux et usage de faux. Et prié Goasguen de "fermer [sa] grande gueule" (sic). Ambiance…

3Parce que le risque de fraudes est majeur

Autre problème : pour obtenir une vraie légitimité à la sortie d'une primaire, il faut avant tout que le résultat soit incontesté, donc incontestable. Or, le choix d'un vote électronique pose sur ce point beaucoup de questions. Nathalie Kosciusko-Morizet a relevé des difficultés techniques "récurrentes" pour accéder à la plateforme de vote. 

Mais surtout, le quotidien Metro a démontré "qu'il était possible d'inscrire n'importe quel électeur parisien au scrutin, à condition de connaître son état civil (nom, adresse et date de naissance)". En trente minutes, les journalistes ont réussi à remplir quatre bulletins de vote ! De quoi laisser planer de gros doutes sur la sincérité du scrutin, quelques mois seulement après le vote pour la présidence de l'UMP, dont on sait qu'il avait été entaché de fraudes dans les deux camps. Au point de pousser l'un des candidats, Pierre-Yves Bournazel, à demander l'annulation du scrutin, vendredi 31 mai, quelques heures seulement après l'ouverture du bureau de vote électronique.

4Parce que l'UMP ne roule pas sur l'or

Faire appel à un prestataire pour organiser le vote, distribuer des dizaines de milliers de tracts pour faire connaître l'existence du scrutin et des candidats… Pour un parti dont les finances sont déjà fragiles, organiser une primaire n'est pas un acte financièrement anodin. 

L'UMP avait estimé à 58 000 le nombre de votants nécessaire pour rembourser le coût de l'opération, chaque électeur devant débourser trois euros pour participer au scrutin. On sera finalement très loin de ce seuil, puisque seules 20 000 personnes devraient prendre part à cette primaire. Tout ça pour ça…

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