Vidéo "Affaires sensibles". Comment Franck Rutkovsky s'est retrouvé, à 6 ans, otage de Loyada en 1976

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min - vidéo : 4min
Comment Franck Rutkovsky s'est échappé à 6 ans de la prise d'otages de Loyada
Comment Franck Rutkovsky s'est échappé à 6 ans de la prise d'otages de Loyada Comment Franck Rutkovsky s'est échappé à 6 ans de la prise d'otages de Loyada (AFFAIRES SENSIBLES / FRANCE 2)
En 1976, Franck Rutkovsky a 6 ans quand le car qui l'emmène à son école de Djibouti est détourné par un groupe terroriste. Il réussit à s'échapper, mais c'est pour tomber entre les mains de leurs complices. Dans cet extrait d'"Affaires sensibles", ce rescapé de la prise d'otages de Loyada témoigne en compagnie de ses parents, eux aussi profondément marqués.

Près d'un demi-siècle après, il s'en souvient comme si c'était hier – et ses parents aussi. C'était le 3 février 1976. A Djibouti, la vie paisible que mène la famille Rutkovsky au sein de la communauté des expatriés bascule soudain dans la terreur.

Le petit Franck a alors 6 ans. Ce matin où il n'a aucune envie d'aller à l'école, le car qui l'y emmène est détourné par un groupe armé. Les terroristes revendiquent l'indépendance de la dernière colonie française d'Afrique. Avec ses trente et un petits otages de 5 à 12 ans, le bus échoue au poste-frontière de Loyada, qui sépare l'enclave de la Somalie. C'est là que le GIGN, à qui le président Giscard d'Estaing a confié une mission de sauvetage, va intervenir...

Après avoir abattu cinq terroristes, les gendarmes montent à l'assaut du car avec l'aide de légionnaires en poste à Djibouti. Le véhicule se retrouve piégé sous les tirs croisés, car l'armée somalienne riposte. Dans la panique, les enfants se réfugient sous les sièges... sauf Franck. "La porte arrière était ouverte, et je suis sorti du bus, raconte-t-il dans cet extrait d'"Affaires sensibles". Et là, je me dirige du côté du poste-frontière... mais du côté somalien."

Et ce sont des complices des preneurs d'otages qui l'accueillent : "On me fait rentrer dans une pièce, et on ferme la pièce. Et j'entends un hélicoptère. Et puis d'un seul coup, plus rien. Le terroriste qui était avec moi s'en va. Il sort de la pièce, et il m'enferme. Là, je comprends que je suis tout seul. J'avais peur."

Cinq jours de captivité

En apprenant que leur enfant manque à l'appel, les parents de Franck vivent une nouvelle épreuve. Leur fils est-il vivant ou mort ? A l'époque, Jeannine Rutkovsky a raconté ces heures d'angoisse dans un carnet qu'elle conserve précieusement. Elle en lit quelques lignes avec émotion : "Je vais sur le balcon de la chambre, il fait déjà très chaud. Deux hélicoptères passent au-dessus, puis deux autres. Ils se dirigent vers Loyada. Une idée folle : 'Ils vont peut-être chercher mon petit bonhomme'."

Franck est emmené dans un camp d'entraînement du groupe armé, au nord-ouest de la Somalie. "On a dormi dans une espèce de hutte, et c'était quelqu'un qui gardait ça avec un bâton, s'étonne-t-il, un peu comme un berger. Et j'étais planqué là. Je demande quand je vais revoir mes parents, et on me dit 'Bientôt, bientôt'. En fait, ça n'avance pas..."

Pourtant, les négociations diplomatiques menées dans la capitale somalienne vont porter leurs fruits. Et après cinq jours de captivité, l'enfant est remis par une combattante indépendantiste à l'ambassadeur de France à Mogadiscio. La télévision diffuse des images de ses parents venus le récupérer à l'arrivée de l'avion qui l'a rapatrié. Des images de joie, mais la prise d'otages de Loyada ne s'est pas aussi bien terminée pour tout le monde : elle a causé la mort de deux petites filles, et fait huit blessés.  

Extrait de "Les enfants otages de Loyada : la France sous pression", ", une coproduction France Télévisions, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter, à voir dans "Affaires sensibles" le 17 novembre 2024.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.