Vidéo "Affaires sensibles". En 1976, trente et un enfants pris en otage à Djibouti : baptême du feu en opération pour le GIGN et son "tir simultané"

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En 1976, trente et un enfants pris en otage à Djibouti : baptême du feu en opération pour le GIGN et son "tir simultané"
En 1976, trente et un enfants pris en otage à Djibouti : baptême du feu en opération pour le GIGN et son "tir simultané" En 1976, trente et un enfants pris en otage à Djibouti : baptême du feu en opération pour le GIGN et son "tir simultané" (AFFAIRES SENSIBLES / FRANCE 2)
C'est la mission qui a fondé la légende du GIGN. En 1976, à Djibouti, 31 écoliers français sont pris en otage par des terroristes. Pour les libérer, les gendarmes d'élite vont inaugurer une stratégie à haut risque. Dans un extrait d'"Affaires sensibles", celui qui commandait l'unité d'intervention, Christian Prouteau, raconte cet assaut… qui ne va pas se passer tout à fait comme prévu.

Djibouti, 3 février 1976 : dans la dernière colonie française d'Afrique, un groupe de terroristes détourne un bus de ramassage scolaire pour revendiquer l'indépendance du territoire. Trente et un enfants de 5 à 12 ans sont pris en otage. Sous les ordres des terroristes, le car scolaire parcourt une vingtaine de kilomètres jusqu'au poste-frontière français de Loyada, qui sépare l'enclave de la Somalie.

C'est la première fois que la France est confrontée à une prise d'otages de masse, où la vie de dizaines d'enfants est en jeu. A Paris, le président Valéry Giscard d'Estaing choisit d'employer les grands moyens. Une mission de sauvetage est confiée à une unité d'élite créée deux ans auparavant, le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), dont les hommes sont considérés comme les meilleurs tireurs de la gendarmerie. En cas d'échec des négociations, ils devront neutraliser les terroristes. 

Les tireurs du GIGN sont alors "les seuls au monde", souligne Christian Prouteau, qui commandait l'unité, à pratiquer ce qu'ils appellent le "tir simultané". Il consiste à "faire tirer plusieurs tireurs en même temps, dans la même seconde, pour être sûr qu'en une seconde, les objectifs soient tous éliminés en même temps". Mais ce "tir simultané" n'a été testé qu'en exercice, jamais en opération. La "mission Loyada" sera son baptême du feu.

Un ultimatum glaçant

Au petit matin du 4 février, six tireurs du GIGN, arrivés dans la nuit, se sont positionnés (non sans mal) de façon à avoir vue sur l'intérieur du car scolaire garé à 200 mètres devant eux. Cachés derrière des rochers et un palmier, ils attendent le moment opportun pour déclencher le tir sans risquer de blesser un enfant.

Après plusieurs heures d'attente, la tension monte encore d'un cran. Les terroristes qui détiennent les enfants viennent de lancer cet ultimatum : "A 17 heures, on en égorgera un. Et ensuite, toutes les heures, on en égorgera un." Chez les hommes du lieutenant Prouteau, on n'a "aucun doute sur leur capacité à le faire"...

Le feu vert pour l'opération doit être donné depuis Paris par le président Giscard d'Estaing. Celui-ci autorise le tir… à une condition : qu'il n'y ait qu'un seul preneur d'otages dans le bus. Impossible, selon Christian Prouteau. Comme la fin de l'ultimatum approche, le lieutenant décide de braver l'interdit.

"On n'entend qu'un seul tir"

A 15h42, les conditions sont enfin réunies. Les otages sont assoupis, les cinq terroristes présents sont dans la ligne de mire du GIGN. Pour que le tir simultané réussisse, il faut une parfaite coordination entre les gendarmes. Voici la méthode de Christian Prouteau : "Quand tous les hommes sont prêts, quand l'équation est parfaite, j'annonce 'Zéro', et à ce moment-là, chaque tireur compte dans sa tête 'Trois cent trente-trois, trois cent trente-trois, trois cent trente-trois'." 

Trois secondes cruciales, précise-t-il. Aussitôt après, "on ne dit pas 'Feu !' comme on le voit dans les films, chaque tireur déclenche de lui-même le tir. Et on n'entend qu'un seul tir. Un seul coup de feu, et je vois mes objectifs qui tombent. Il y a eu, pendant une fraction de seconde, un silence de mort". Les cinq terroristes se sont effondrés à la même seconde. C'est la première fois au monde qu'un tir simultané réussit en opération. 

Ce n'est plus une prise d'otages, c'est la guerre

Mais au moment où le GIGN, avec l'aide de légionnaires déployés à Djibouti, s'apprête à libérer les enfants, des rafales déchirent le silence. Depuis un bosquet, l'armée somalienne, complice des preneurs d'otages, riposte à la mitrailleuse. Les militaires montent à l'assaut du bus, qui se retrouve pris sous un déluge de feu. Terrorisés, les enfants se réfugient sous les sièges.

Après huit longues minutes de panique, ils finiront par être évacués... sains et saufs, pour la plupart. La mission Loyada devient l'acte fondateur de la légende du GIGN. Pourtant, ses hommes restent meurtris, car l'assaut a fait deux morts (une petite fille abattue pendant l'assaut et une autre qui décédera deux jours plus tard) et huit blessés (cinq enfants, le chauffeur du bus, l'assistante sociale qui s'occupait des enfants et un légionnaire).

Extrait de "Les enfants otages de Loyada : la France sous pression", une coproduction France Télévisions, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter, à voir dans "Affaires sensibles" le 17 novembre 2024.

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