"Cash Investigation". Alerte sur le bio !
Les fruits et les légumes bio seraient meilleurs pour notre santé, parce que débarrassés de tout pesticide, et donc un peu plus chers. Sauf que bio ne signifie pas sans pesticides. Des centaines de produits d’origine naturelle sont autorisés en agriculture biologique pour les traitements.
Et tous ne sont pas sans danger. Comme le BT, l’insecticide le plus utilisé en bio, ou le Spinosad, très efficace notamment contre les chenilles. Ce dernier est un redoutable tueur d’abeilles mais il est aussi suspecté par l’autorité de santé européenne d’être un perturbateur endocrinien.
Quel organisme de contrôle ?
Mais qui surveille l’utilisation de ces produits, certains étant loin d’être inoffensifs ? "Cash Investigation" révèle qu’étonnamment, ce n’est pas la mission de ceux qui sont pourtant chargés de contrôler l’agriculture biologique. Elise Lucet et l’équipe de "Cash Investigation" ont plongé au sein de la Commission européenne pour comprendre qui décide de la mise sur le marché de ces biopesticides. Ils ont identifié un comité dont le fonctionnement est sacrément opaque.
"Cultivé sans pesticides" ne signifie pas bio
Dans les supermarchés aussi, de plus en plus de fruits et légumes sont vendus avec la mention "cultivés sans pesticides" mais sans pour autant être bio. Les agriculteurs ont bien souvent utilisé des produits de biocontrôle. Ces pesticides d’origine naturelle font l’objet d’une bataille sans merci entre les fabricants. Pour conquérir des parts d’un marché qui ne cesse de grossir, certains utiliseraient des méthodes qui flirtent avec la légalité.
Enfin, cap sur les jardineries, où les produits naturels ont remplacé les pesticides chimiques. L’un des plus vendus est un insecticide à base de fleurs, le pyrèthre. Les journalistes de "Cash Investigation" ont remonté la piste de sa fabrication jusqu’au Kenya. Ils ont découvert que ce biopesticide ne serait ni très éthique ni aussi naturel qu’il y paraît.
"Alerte sur le bio !", une enquête de François Cardona diffusée le 6 juin 2023 à 21h10 sur France 2.
Parmi nos sources
> - (En Anglais) Etude sur le Bt et les intoxications alimentaires
> - (En Anglais) EFSA - Etude de 2021 recommande baisse des LMR de Spinosad sur plusieurs légumes
> - (En Anglais) EFSA - Etude de 2018 sur le Spinosad, propose de le classer toxique pour la reproduction et potentiel perturbateur endocrinien
> -Institut de l'Agriculture et de l'Alimentation Biologique ; guide des intrants autorisés en bio
> -INAO - Directive pour les organismes certificateurs sur le "contrôle analytique" chez les agriculteurs bio
> -Direction Générale de l'Alimentation - liste des produits de biocontrôles, avec exemptions
> -Règlement européen sur les LMR du Spinosad sur fruits et légumes de 2022
> -Règlement européen sur les produits et substances phyto autorisées en agriculture biologique, 2021
> - (en Allemand, traduite partiellement en Français) Agroscope - Etude de 2020 sur l'impact des produits phytosanitaires à haut risque, dont le spinosad
> - (en Allemand) Agroscope - Classement des pesticides en fonction de leur toxicité sur les abeilles, Spinosad en tête de liste
Liste non exhaustive
> LE GRAND DEBAT
Après ce numéro inédit, le magazine propose un grand débat. Des invités de tous horizons, agriculteurs, responsables associatifs, répondent aux questions d’Elise Lucet. "Cash Investigation" : des révélations, un débat, des solutions.
> LES INVITES
- Rémi Dumas, viticulteur, vice-président du syndicat Jeunes Agriculteurs.
- Sophia Majnoni, déléguée générale de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB).
- Charles Hervé-Gruyer, ferme du Bec Hellouin.
- Christian Huyghe, directeur scientifique Agriculture à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).
- Stéphane Marie, animateur de "Silence ça pousse" (France 5).
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