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"Complément d'enquête". L’eau du robinet est-elle (vraiment) potable ?

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Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

L'eau est désormais un bien aussi rare que fragile dans certaines régions de l’Hexagone. A Chemilly-sur-Serein, dans l’Yonne, à cause la présence de terbuméton-déséthyl, un métabolite issu de la dégradation d’un pesticide, l’eau du robinet est interdite à la consommation depuis huit ans ! Et des métabolites, il y en a un peu partout dans nos sous-sols, au-delà de la limite autorisée dans de nombreuses communes. Dépassées par la situation, les autorités sanitaires ont dû imaginer en urgence de nouvelles normes moins restrictives pour éviter de devoir interdire la consommation d’eau dans certaines régions. Y a-t-il un risque pour la santé des usagers ? Pourquoi le principe de précaution n’est-il pas toujours appliqué ? "Complément d’enquête" sur une France débordée par ses pesticides. 

Ce sont des Français qui n’ont pas attendu que la canicule assèche nos rivières pour savoir que l’eau est désormais un bien aussi rare que fragile dans certaines régions de l’Hexagone. Léa, jeune maman, angoisse à l’idée de ne plus avoir assez d’eau en bouteille pour le biberon de son bébé ; Thierry s’est carrément installé un second robinet alimenté par une mini-station de traitement de l’eau dissimulée dans sa cave. Tous les deux ont un point commun : ils habitent à Chemilly-sur-Serein, dans l’Yonne, où l’eau du robinet est interdite à la consommation depuis … huit ans ! Une incroyable situation due à la présence dans l’eau du village de terbuméton-déséthyl, un métabolite issu de la dégradation d’un pesticide.

Le problème, c’est que des métabolites, il y en a désormais un peu partout dans nos sous-sols et que, dans de nombreuses communes, les analyses d’eau révèlent leur présence au-delà de la limite autorisée. Comment gérer tous ces dépassements ? Faut-il interdire de boire l’eau aux millions de personnes concernées ? Y a-t-il un risque pour la santé des usagers ?

Les autorités sanitaires dépassées

Nous allons vous révéler comment les autorités sanitaires se retrouvent aujourd’hui complétement dépassées par la situation. Dans certaines régions, elles ont été obligées d’imaginer en toute urgence de nouvelles normes moins restrictives pour éviter de devoir interdire la consommation d’eau. Selon les propres estimations de la Direction générale de la santé, si la réglementation était respectée, près de 10 millions de Français auraient dû être privés d’eau du robinet. En juin 2022, une nouvelle directive, une de plus, a été publiée pour tenter tant bien que mal de réguler le problème. Pourquoi le principe de précaution n’est-il pas toujours appliqué ? Pourquoi certaines régions sont-elles plus protectrices que d’autres pour leur population ?

Nous avons enquêté dans les Hauts-de-France, où cette pollution a atteint des proportions inouïes, réalisé nos propres prélèvements dans des communes qui ignoraient jusqu’alors consommer de l’eau contaminée, et constitué notre propre base de données à partir des dizaines de milliers d’analyses d’eau réalisées chaque année en France pour mesurer l’ampleur du problème. "Complément d’enquête" sur une France débordée par ses pesticides.

Une enquête de Sébastien Lafargue et Karim Annette.  

La rédaction de "Complément d'enquête" vous invite à commenter l'émission sur Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #ComplementDenquete.

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Parmi nos sources

- Pour connaître la qualité de l’eau du robinet dans votre commune : les résultats du contrôle sanitaire de la qualité de l’eau potable en ligne, du ministère de la Santé et de la Prévention.

- L'instruction de la Direction générale de la santé du 18 décembre 2020, qui pose le principe de précaution.

- L'avis du Haut Conseil de la santé publique du 18 mars 2022 sur la gestion des risques sanitaires liés aux pesticides et métabolites de pesticides dans les eaux destinées à la consommation humaine

- L'avis de l’Anses sur la pertinence des métabolites de la chloridazone.

-  L'instruction de la Direction générale de la santé du 24 mai 2022, complétant l’instruction du 18 décembre 2020. 

Liste non exhaustive.

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