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Vidéo A Séoul, une "boîte à bébé" recueille tous les trois jours un enfant abandonné

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A Séoul, une "boîte à bébé" recueille tous les trois jours un enfant abandonné
A Séoul, une "boîte à bébé" recueille tous les trois jours un enfant abandonné A Séoul, une "boîte à bébé" recueille tous les trois jours un enfant abandonné (ENVOYE SPECIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Les abandons d’enfants sont l'un des secrets les mieux gardés de la Corée du Sud, dixième puissance économique mondiale. Pour ne pas risquer de trouver un nouveau-né mort de froid, un pasteur de Séoul a imaginé un dispositif étonnant : une "boîte à bébé" qui permet de le mettre en sécurité tout en préservant l'anonymat de la mère, si elle le souhaite. Depuis le début de l'année, sa "baby box" a recueilli une trentaine de nourrissons.

Dans une rue de Séoul, un mur de brique porte un dispositif surprenant : une boîte... à bébé. Les mères qui ne peuvent pas garder leur enfant viennent, souvent à la nuit tombée, le déposer sur le petit matelas placé dans une sorte de niche sécurisée, maintenue à température constante. De l'autre côté du mur se trouve un refuge où les nouveau-nés passeront une semaine. S'ils n'ont pas été déclarés, ils seront ensuite transférés dans un orphelinat... sous escorte policière.

Quand une mère dépose son nourrisson, grâce à un capteur de mouvement installé à côté de la boîte, une alarme se déclenche à l'intérieur du bâtiment. Une employée du centre Babybox vient alors récupérer le bébé, tandis qu'une autre se lance sur les traces de la mère, pour tenter d'obtenir ses coordonnées. Et lui expliquer qu'elle a droit à une prise en charge et à une aide du gouvernement si elle déclare l'enfant... Les femmes ne se laissent pas toujours convaincre. Car en Corée du Sud, être mère célibataire est considéré comme une honte, alors que la contraception est difficile d'accès et que l'avortement était encore criminalisé il y a deux ans... Ici, la législation ne prévoit pas d'accouchement sous X et punit les abandons d'enfant. Une équation insoluble pour les Coréennes.

En quinze ans, le refuge aurait accueilli 2 000 nourrissons 

Le dernier occupant de cette "boîte à bébé" a été déposé par sa mère qui venait d'une région éloignée de Séoul, et n'a pas voulu laisser la moindre information sur elle. Au moment de ce tournage, le centre accueillait trois nourrissons, tous arrivés de cette façon. Un bébé serait déposé dans cette boîte tous les trois jours, en moyenne, depuis la création en 2007 de ce refuge pour enfants abandonnés, unique dans le pays. En quinze ans, il aurait recueilli 2 000 nourrissons. Celui qui l'a créé, Lee Jong-rak, est un pasteur évangélique. Après avoir trouvé plusieurs fois des nouveau-nés abandonnés sur un parking, dans un parc ou une cabine téléphonique, il voulait "être sûr de ne jamais trouver un nourrisson mort de froid".

Au côté de leur bébé, les jeunes mères laissent parfois une lettre. Au fil des années, le pasteur en a compilé des dizaines. Elles sont souvent écrites par des adolescentes qui ont accouché toutes seules, parfois dans des toilettes publiques. "Je ne te laisse pas partir parce que je te déteste, ou parce que tu ne me plais pas, mais parce que je suis une mauvaise mère, incapable de te donner suffisamment d'amour, écrit l'une d'elles. Je n'essaierai jamais de te retrouver. Grandis sans penser à moi, avec quelqu'un de meilleur que moi." Cette lettre, et parfois quelques présents laissés dans la "boîte à bébé", resteront pour l'enfant des souvenirs de sa mère biologique.

Extrait de "Au pays des enfants abandonnés", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 1er juin 2023.

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