: Vidéo "C'est fini, bye-bye le Liban !" Avec la crise économique, l'épargne de toute leur vie ne vaut plus rien, et ils veulent quitter le pays
"Quand j'ai pris ma retraite, explique Khaled, un ancien gendarme, devant la banque où il avait déposé toutes ses économies, j'avais l'équivalent de 220 000 euros sur mon compte en livres libanaises. Mais avec la crise économique, notre argent a perdu toute sa valeur." Comme beaucoup de ses compatriotes, Khaled a tout perdu quand la Banque centrale du Liban s'est déclarée en défaut de paiement, en mars 2020. Avec l'épargne de toute une vie, tous ses espoirs pour l'avenir, pour lui et son fils Karim, se sont envolés.
Depuis la crise économique sans précédent qui sévit depuis 2019, la livre libanaise n'en finit pas de s'effondrer. La monnaie nationale a perdu 95% de sa valeur, alors l'épargne de Khaled ne vaut plus rien. De toute façon, les retraits ne sont autorisés que dans la limite de 90 euros par mois.
"On veut récupérer notre argent, par la force s'il le faut", intervient Karim. Le jeune homme laisse éclater sa colère contre les banques, "des voleuses", "un Etat de voleurs" et de "corrompus", un "groupe de mafieux". Il n'est pas le seul : à Tripoli, dans le nord du pays, comme dans la capitale Beyrouth, des manifestants se sont attaqués aux établissements bancaires.
L'exode apparaît comme la seule issue
Un passant se joint à la conversation. Lui aussi travaillait dans les forces de l'ordre, lui aussi a tout perdu, et il a la même rancœur contre l'Etat. "On a risqué nos vies pour le Liban ! Je faisais partie des forces spéciales. Tout ça pour finir par me faire voler ? Je me vengerai", promet-il.
En colère, ces Libanais se sentent aussi profondément humiliés. Alors l'exode leur apparaît comme la seule issue. " Bien sûr que ça donne envie de partir, approuve Khaled. On ne peut plus vivre dans ce pays. Tous ceux qui ont encore de la dignité devraient s'en aller."
Avant la crise, il était relativement facile pour les Libanais d'obtenir un visa pour l'Europe, mais ils devaient fournir des garanties bancaires pour prouver qu'ils avaient des revenus suffisants. Aujourd'hui, c'est devenu impossible pour beaucoup d'entre eux.
Extrait de "Liban : les naufragés de la crise", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 23 février 2023.
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