: Vidéo "Le fantôme de papa Charb au-dessus de l'épaule"
Comment continuer à dessiner après l'attentat du 7 janvier contre "Charlie Hebdo", qui a coûté la vie à cinq dessinateurs ? Camille Besse travaillait pour le journal satirique. Elle dit à "Envoyé spécial" sa volonté de transmettre son métier − comme dans cet extrait, aux étudiants de la célèbre école Estienne.
Comment continuer à dessiner après l'attentat du 7 janvier contre Charlie Hebdo, qui a coûté la vie à 12 personnes dont cinq dessinateurs ?
Camille Besse, 32 ans, est dessinatrice de presse depuis sept ans. C'est à la rédaction de Charlie, aux côtés de Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, tués dans l'attentat, qu'elle a appris son métier. Un métier choisi un peu par hasard mais avec sa "conscience politique de gauche", explique-t-elle à Envoyé spécial : "Quand on s'intéresse à la politique, au social, et que d'un autre côté on est dessinateur, fatalement, on arrive au dessin de presse."
Lors d'une conférence de rédaction à l'Humanité Dimanche, Camille dit sa difficulté à reprendre le chemin du dessin. "J'ai un truc terrible depuis les attentats, c'est que j'ai le fantôme de papa Charb au-dessus de l'épaule qui me dit 'Tu fais de la merde !' et qui me pousse à essayer de faire mieux. Je suis peut-être plus exigeante avec moi-même. Je me sens responsable d'un truc un peu plus grand que moi. Ça passera..."
Joseph, futur dessinateur de presse... "s'il le souhaite !"
Dans ce extrait, Camille est venue aider les étudiants de l'école Estienne, à Paris, qui préparent un concours de dessin de presse. Certains sont doués... Comme Joseph, qui a gagné l'an dernier un concours sur le thème de l'Ukraine. Son dessin, titré "Poutine redessine la carte de la Russie", où le président russe colorie la carte de son pays en débordant sur l'Ukraine − "Oups, j'ai un peu dépassé" −, a été repéré."Nous avons un futur dessinateur de presse... s'il le souhaite ! le félicite Camille. Il faut un plan B !"
"Un très bon dessin de presse, c'est celui qu'on ne peut pas décrire, qu'on est obligé de voir. Utilisez les images comme des mots et construisez votre propre langage à partir de ce matériau-là", conseille Camille aux étudiants. Après les attentats, ont-ils toujours envie de devenir dessinateurs ou caricaturistes ? En tout cas, ils n'ont pas peur... Et ils ont pris conscience de la force du dessin. Il faut dire aussi que Charb, Tignous, Honoré venaient régulièrement à l'école Estienne parler de leur métier...
Extrait du reportage "Les enfants de Charlie Hebdo" diffusé dans Envoyé spécial du 18 juin.
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