: Vidéo Le "taxi boat", la dernière technique des passeurs de migrants pour éviter l’intervention de la police

Boulogne-sur-Mer, juillet 2023. Sur la plage, dans l'insouciance de l'été, une cinquantaine de personnes sont regroupées, tout habillées, les pieds dans l'eau. Elles semblent attendre quelque chose. Ce sont vraisemblablement des migrants, que les policiers tentent de ramener sur le rivage.

Soudain, un Zodiac arrive, avec à son bord des hommes qui finissent de le gonfler. Nous assistons en direct à la toute dernière technique employée par les passeurs : le "taxi boat". 

"Il y a le Zodiac qui est là-bas, avec trois ou quatre personnes à bord. Ils demandent au groupe d'aller dans l'eau, de se préparer. Comme ça, normalement, les policiers ne peuvent plus intervenir une fois qu'ils sont dans l'eau, et le bateau va venir les chercher quand ils auront démarré."

Olivier Ternisien, association Osmose 62

à "Envoyé spécial"

Si le rendez-vous n'est pas donné sur la plage mais dans l'eau, c'est que la police a pour consigne de ne pas y intervenir, pour éviter les noyades. Aucun des candidats au départ n'a de gilet de sauvetage.

"C'est dangereux pour eux, ils peuvent se noyer" ; "On se rend compte de la misère des gens. On entend les informations, mais on pensait pas vivre ça en direct" ; "C'est inimaginable de prendre un bateau à plus de 50 ! Je suis née ici et je n'ai jamais vu ça"... Les vacanciers n'en croient pas leurs yeux.

La loi du plus fort... ou du plus riche

Quant à Olivier Ternisien, bénévole de l'association d'aide aux migrants Osmose 62, les bras lui en tombent : "Là, il y a des femmes enceintes, il y a des enfants ! Pourquoi on en arrive là ?" Ces gens qui ont atteint les côtes du nord de la France au péril de leur vie vont à nouveau prendre tous les risques pour aller jusqu'en Angleterre... Il redoute un nouveau drame.

Et pour monter à bord, c'est la loi du plus fort… ou du plus riche. Quand la place manque, ceux qui ont versé le moins d'argent pour la traversée sont rejetés. Lorsque le bateau s'en va, une demi-douzaine de migrants restent dans l'eau. Ils auront probablement une place dans le prochain départ...

Extrait de "Les plages de l'embarquement", un document à voir dans "Envoyé spécial" le 2 novembre 2023.

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