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Vidéo Sous pression depuis le rachat de sa clinique par un géant de l'alimentation animale, un vétérinaire témoigne dans "Envoyé spécial"

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Sous pression depuis le rachat de sa clinique par un géant de l'alimentation animale, un vétérinaire témoigne dans "Envoyé spécial"
Sous pression depuis le rachat de sa clinique par un géant de l'alimentation animale, un vétérinaire témoigne dans "Envoyé spécial" Sous pression depuis le rachat de sa clinique par un géant de l'alimentation animale, un vétérinaire témoigne dans "Envoyé spécial" (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
AniCura : le nom de ce réseau de cliniques vétérinaires cache un géant de l'agroalimentaire, Mars. Non contente de régner, avec Nestlé, sur le très profitable marché de l’alimentation animale, la multinationale s'attaque maintenant à celui des soins vétérinaires, en rachetant des cliniques. Au prix d'exigences de rentabilité intenables pour certains praticiens. Témoignage dans cet extrait d'"Envoyé spécial".

Peu de vétérinaires acceptent d'évoquer ce sujet, car il est sensible : la pression du chiffre d'affaires et des objectifs financiers qui règne dans certaines cliniques, surtout depuis leur rachat par un géant de l'alimentation animale. Cette pression, le Dr Vincent Pirson l'aurait subie pendant deux ans. Il a fini par claquer la porte de l'établissement qui le salariait pour partir monter sa propre clinique. 

Avant le rachat par AniCura, un réseau de cliniques vétérinaires détenu par le groupe agroalimentaire Mars, il pratiquait en moyenne quatre opérations par jour. La nouvelle direction lui aurait imposé, ainsi qu'à ses collègues, de doubler ce chiffre.

"Des objectifs non atteignables", selon lui, et un rythme qui aurait impliqué des "risques peut-être pas souhaitables pour les animaux". "Je suis noyé par l'activité, vous êtes au courant, vous en demandez encore plus", s'est-il plaint par mail auprès de sa hiérarchie. Sans lui opposer de franc refus, la réponse de celle-ci a fait de lui "un tire-au-flanc", regrette-t-il. Selon la nouvelle direction, "opérer jusqu'à huit chirurgies majeures par jour" serait la norme dans d'autres cliniques.

"Le gros problème de l'arrivée de ces groupements est, selon moi, l'injection d'énormes sommes d'argent dans le circuit vétérinaire français. On pourrait espérer que ce soit pour augmenter la qualité de soin des animaux... Au quotidien, (...) ce n'est pas nécessairement ce que j'ai ressenti."

Vincent Pirson, chirurgien vétérinaire

dans "Envoyé spécial"

Dans ces nouvelles conditions de travail qu'il a refusées, le vétérinaire voit "ce qui pourrait être les prémices de cette valorisation, de cet 'animal-objet' qui n'est finalement qu'un produit à rentabiliser".

L'établissement mis en cause, de son côté, dit "profiter de l'expertise d'AniCura (...) tout en conservant son indépendance dans sa pratique médicale vétérinaire, condition sine qua non à la prescription raisonnée des soins aux malades, et à l'épanouissement des vétérinaires et ASV (auxiliaires spécialisés vétérinaires) qui y travaillent".

Contacté, le service de presse du groupe AniCura met en avant des "vétérinaires pleinement engagés en faveur du développement d'une médecine animale de pointe et de proximité". Le groupement n'a pas souhaité répondre aux questions d'"Envoyé spécial", car une procédure judiciaire est en cours, suite à la radiation de certaines de ses cliniques par le Conseil de l'ordre des vétérinaires...

Extrait de "Trop chers vétos ?", un reportage à voir dans "La spéciale d'Envoyé" le 8 juin 2023.

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