: Vidéo Aux Pays-Bas, l'utilisation en masse de pesticides, notamment dans les champs de tulipes, fait flamber les cas de Parkinson
C’est l’un des plus petits pays d’Europe, et pourtant, il pèse lourd dans l’agro-industrie européenne et mondiale. Les Pays-Bas se classent en deuxième position des exportateurs de produits alimentaires au monde, derrière les Etats-Unis. Un rendement impressionnant rendu possible par le choix d’une production intensive à grand renfort de pesticides. Les Pays-Bas détiennent même le record européen du plus gros utilisateur de ces produits chimiques.
Mais pour le professeur Bas Bloem, neurologue spécialiste de la maladie de Parkinson à l’université de Radboud, les pesticides sont une bombe à retardement pour la population. Il établit un lien clair entre leur utilisation et la maladie de Parkinson : "Aux Pays-Bas, les cas de Parkinson ont augmenté de 30% en dix ans. Quand on étudie les zones proches des champs de tulipes, les chiffres sont plus élevés. Soit vous l’inhalez, et vous perdez alors l’odorat et les toxines vont directement au cerveau, soit vous le mangez ou vous le buvez, par exemple avec votre vin français, et cela tue des cellules dans l’intestin avant de remonter le long du nerf vague. Dans un premier temps, cela perturbe les rêves et après, vous développez le Parkinson."
"L'impact des pesticides sur la maladie de Parkinson est alarmant"
Lorsque les équipes de "Nous, les Européens" (X) lui montrent la panoplie de produits chimiques qu’utilise un agriculteur hollandais interrogé, il se montre très inquiet : "C’est très préoccupant. Si on expose les cellules à un seul pesticide, c’est toxique à partir d’une certaine quantité de produit. Mais quand il y a deux pesticides, alors il suffit d’une toute petite quantité pour que ce soit très toxique. Je suis spécialiste du Parkinson, l’impact de ces substances dans cette maladie est alarmant et on sait que ces mêmes pesticides provoquent des cancers, c’est très inquiétant."
Si l’Europe semblait s’être saisie du dossier sur l’utilisation des pesticides, les espoirs ont été déçus le 22 novembre 2023, lors du rejet d’un des textes clé du Pacte vert par le Parlement européen, qui prévoyait de réduire de 50% les pesticides sur le sol européen d’ici 2030. Une décision incompréhensible pour les défenseurs de l’environnement.
L'Europe exporte des pesticides interdits sur son sol
Nina Holland, chercheuse à l’Observatoire de l’Europe industrielle, enquête sur la manière dont les lobbies de l’agrochimie influencent la mise en œuvre d’une réglementation européenne. Selon elle, le rejet du projet visant à réduire les pesticides est la conséquence du pouvoir des 20 000 lobbyistes présents à plein temps à Bruxelles, dont la plupart travaillent pour les quatre principaux producteurs de pesticides.
Elle précise que même lorsqu’une loi est adoptée à l’échelle européenne, les industriels profitent de failles législatives pour continuer à produire des pesticides : "Aux Pays-Bas comme dans de nombreux pays européens, on continue à produire des pesticides qui ont été interdits sur le sol européen car trop dangereux, mais on les exporte. Puis on retrouve ces pesticides dans des oranges ou du thé importé en Europe, notre chaîne alimentaire est contaminée. L’Union européenne avait promis d’interdire ces exports mais elle a échoué à le faire."
En 2023, l’Union européenne a représenté le plus grand marché d’exportation de pesticides au monde. A ce jour, seules la France et la Belgique ont cessé d’exporter ces substances.
Extrait de "Le rêve d'une Europe plus verte !", diffusé dans "Nous, les Européens" le 16 mai 2024.
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