: Vidéo Croatie : le goulag de Tito sera-t-il un jour un complexe touristique ?
Au large de la Croatie envahie par les touristes, même le caillou qui servait de goulag à l'époque de Tito pourrait devenir une attraction. A Goli Otok, rencontre avec un ancien prisonnier qui se bat pour préserver la mémoire des lieux dans cet extrait du magazine "Avenue de l'Europe".
C'est un bloc de marbre blanc de 5 km2 au nord de l'Adriatique. Goli Otok, littéralement "l'île nue", à six kilomètres des côtes croates. A partir de 1949, date de la rupture avec l'Union soviétique, des milliers de communistes restés fidèles à Staline y ont été emprisonnés. Au goulag de l'ère Tito, Dinko Jonjic a fait cinq années de travaux forcés.
Dans cet extrait du magazine "Avenue de l'Europe", l'ancien bagnard refait en canot un voyage vers l'enfer vécu à 20 ans. C'est en 1960 que ce partisan d'une Croatie indépendante a été arrêté. Il se souvient : "On devait extraire des pierres et les broyer à la main pour en faire du béton. Quand je suis sorti d'ici, ma paume était dure comme un sabot de cheval, et mes oreilles insensibles pendant des années, tellement elles avaient gelé."
"Pas d'hôtel sur cette île de mémoire"
L'ancien poste de police où étaient ramenés les fugitifs ensanglantés, un futur hôtel de luxe ? Dinko Jonjic refuse cette idée. Ce qu'il veut, c'est transmettre ce qu'il a vécu aux touristes dont le bateau jettera l'ancre ici. Transformer l'escale des croisiéristes en leçon d'histoire, avec un musée. Sanctuariser Goli Otok, l'une des mille îles croates convoitées par les promoteurs. "Je ne veux pas d'hôtel sur cette île de mémoire, dit-il. Si Goli Otok devenait une simple attraction pour touristes, ce serait une offense à la mémoire de tous les prisonniers qui ont souffert. L'île est un symbole. Il faut conserver ce lieu pour preuve de la cruauté de ce régime."
Extrait de "Croatie, chef-d'œuvre en péril", un reportage diffusé dans "Avenue de l'Europe" le 6 juin 2017.
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