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Christopher Dembik (Saxo Bank) : "Des aides ponctuelles sur les bas revenus comme celles annoncées hier ne sont pas suffisantes, car la crise va avoir des effets dévastateurs pendant plusieurs années"

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Christopher Dembik, chef économiste de Saxo Bank, était l’invité de Jean-Paul Chapel sur le canapé de ":l’éco" ce jeudi matin. L’occasion de discuter des conséquences sur l’économie des mesures annoncées la veille, notamment le couvre-feu à 21 heures.

Christopher Dembik, chef-économiste de la banque Saxo Bank, a détaillé les secteurs les plus en difficulté aujourd'hui. "Le secteur des services, très important dans l’économie française, est le plus touché par la crise". Il note en particulier que les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie et des transports connaissent des "destructions d’emploi et des pertes de richesses dans l’hôtellerie-restauration, le transport et le tourisme", qui vont continuer dans les prochains mois. "C’est environ 20 % de l’économie française qui fait face à de très grosses difficultés du fait du coronavirus. Pour certains secteurs, il y a eu des diminutions de chiffre d’affaire de manière drastique pendant le confinement, et ils n’ont souvent pas eu de retour à la normale ensuite. Les restrictions sanitaires et l’inquiétude des gens maintiennent la consommation à un bas niveau. Nombre de petites et moyennes entreprises font déjà faillite. Elles ont bénéficié des prêts garantis par l’État, mais ils doivent être remboursés. Et à un certain stade, si vous n’avez pas de retour de l’activité et pas assez de trésorerie, vous ne pouvez éviter la faillite."

Concernant l’emploi, Christophe Dembik estime que malgré des mesures bienvenues du gouvernement telles que le chômage partiel de longue durée,  "le pire est à venir" : "La seconde vague sera marquée par des faillites d’entreprise dès les prochaines semaines, avec une forte hausse du taux de chômage dans la foulée. Cela va pénaliser les moins qualifiés, mais pas seulement. Il y a aussi des inquiétudes sur des postes de cadres, qui peuvent être détruits pendant la crise." Christopher Dembik explique également que l’encouragement timoré d’Emmanuel Macron au recours du télétravail est expliqué par une adhésion en demi-teinte des entreprises. "En France, culturellement il y a parfois des manques de confiance entre employeur et employé. Pourtant, toutes les études menées montrent que le télétravail est bénéfique en termes de productivité."

"Si on veut aider les populations défavorisées, il falloir mettre plus d’argent sur la table"

Invité à se prononcer sur l’aide exceptionnelle vers les personnes les plus précaires, de 150 euros auxquels s’ajoutent 100 euros par enfant pour les allocataires du RSA et des APL, Christopher Dembik estime que c’est insuffisant : "C’est une injection en une seule fois, alors que la crise va avoir des effets dévastateurs pendant au moins deux à trois ans. Si on veut aider les populations plus défavorisées, il falloir mettre plus d’argent sur la table. Ce sont les premières victimes de la crise. Les plus défavorisés ont même dû emprunter de l’argent. Cette crise va être une crise des inégalités, car elle va être difficile à gérer pour les plus bas revenus."

Le chef économiste de Saxo Bank conclut en faisant un point sur l’avenir : "L’économie est aidée et soutenue par l’État, qui s’endette. À un certain stade, cela posera de vrais problèmes. Le chômage partiel de longue durée peut durer pendant deux ans, et aide des personnes peu qualifiées, dont beaucoup vont finalement être complètement déclassées. Il est très compliqué d’avoir une économie qui fonctionne durablement à ce niveau-là. Il va donc falloir apprendre à vivre et à travailler avec le virus."

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