C'est comment ailleurs ? La concurrence dans le rail en Allemagne
Alors que la France devra ouvrir ses chemins de fer à la concurrence, l’Allemagne a sauté le pas il y a 24 ans
Si le gouvernement français justifie la réforme de la SNCF par l’ouverture prochaine à la concurrence, l’Allemagne a connu la libéralisation du rail dès 1994. Chez nos voisins, la compagnie nationale s'appelle Deutsche Bahn, société anonyme de droit privée, mais détenue à 100% par l'Etat fédéral. A ses côtés, on trouve des entreprises privées ou publiques qui exploitent des lignes.
1994
Quatre ans après la réunification du pays, l’Allemagne réunifie ses deux compagnies de chemin de fer, la Bundesbahn à l'ouest et la Reichsbahn à l’est, toutes deux dans une situation financière catastrophique.
L'Etat allemand éponge la dette qui se montait à l'époque à l'équivalent de 37 milliards d'euros. Et pendant dix ans, il va aussi injecter des dizaines de milliards d'euros de subventions dans la modernisation de la Deutsche Bahn.
Changement de statut et concurrence
En échange, la compagnie publique doit alors se séparer sur plusieurs années de plus du tiers de ses effectifs et de certains biens immobiliers. Le statut des cheminots change car beaucoup étaient fonctionnaires.
Parallèlement, c'est l'ouverture à la concurrence. De nouvelles entreprises privées ou publiques peuvent se positionner pour desservir des lignes. En revanche le réseau, rails et infrastructures, reste propriété de la Deutsche Bahn. Aujourd’hui, 450 entreprises de transports ferroviaires existent en Allemagne.
Deutsche Bahn dominante
Mais leur part de marché n’est pas énorme. La Deutsche Bahn opère 99% des grandes lignes. Il est très difficile aux nouveaux investisseurs de payer l'accès au réseau qui appartient à la Deutsche Bahn. Les redevances sont chères. Le français Transdev s'était positionné et a jeté l'éponge.
Mais Transdev est présent dans les régions où la part de marché de Deutsche Bahn recule à 70%, donc 30% pour ses concurrents. Le trafic local est géré par les grandes régions allemandes, les Länder. L’Etat fédéral leur verse sept milliards d’euros chaque année pour faire fonctionner le "rail du quotidien".
Allemands content ?
Le point de vue des usagers est mitigé. En région, c’est plutôt positif. L'offre s'est améliorée avec la concurrence, le trafic voyageur a augmenté et le service est meilleur avec des rames plus confortables. Les tarifs du train n’ont pas baissé mais leur hausse est restée assez raisonnable.
Mais, comme certains Français, les Allemands grognent contre la Deutsche Bahn, qui est critiquée pour ses retards fréquents et la vétusté des infrastructures. En 2016, 1 train grandes distances sur 4 était en retard en Allemagne.
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