Affaire Benalla : "L’étau se resserre autour du président de la République", assure Aurélien Pradié, député LR du Lot
Le député Les Républicains Aurélien Pradié était l'invité de franceinfo, mercredi 20 février.
"L’étau se resserre autour du président de la République", a déclaré sur franceinfo mercredi 20 février Aurélien Pradié, député LR du Lot et membre de la commission des lois. "Benalla et Macron sont tous les deux impliqués dans cette ambiance-là de 'tout permis' ", a-t-il assuré. "On a fait passer beaucoup de fonctionnaires, serviteurs de l’État, comme des vieux gardiens de musées, avec de vieilles habitudes, et on les a remplacés par de nouvelles habitudes, avec des gens de la société civile, sans aucune culture de l’État", a ajouté l'élu.
franceinfo : La commission d’enquête du Sénat pointe-t-elle des dysfonctionnements ?
Aurélien Pradié : L’affaire Benalla est une affaire grave. Mais notre démocratie est organisée de telle sorte qu’il y a des contre-pouvoirs. Si le Sénat n’avait pas joué ce rôle de contre-pouvoir, nous n’aurions pas aujourd’hui tiré toutes les ficelles de l’affaire Benalla.
Trois hauts fonctionnaires mis en cause peuvent-ils rester en fonction ?
Je ne vais pas prédire ce que la justice pourra dire, mais, ce qu’Emmanuel Macron appelait au début "une tempête dans un verre d’eau" est devenu une tempête dans un océan beaucoup plus vaste. L’étau se resserre autour du président de la République. Au-delà du cas de monsieur Benalla qui m’intéresse assez peu, je pense que cela dit beaucoup d’une manière d’exercer le pouvoir. La manière dont monsieur Benalla a été préservé a été excessive. C’est assez proche de la manière dont, peut-être, Emmanuel Macron exerce le pouvoir. Des digues ont sauté. Ce sentiment de "tout permis", d’impunité, de toute puissance, s’est installé à la tête de l'État et au fond c’est le seul ruissellement qu’Emmanuel Macron a produit. C’est le ruissellement de cette arrogance, auprès même de certains de ces collaborateurs.
Monsieur Benalla est un pur produit de la macronie et du nouveau monde. Ils sont tous les produits d’un système, d’une époque. On nous a beaucoup vendu le nouveau monde. Emmanuel Macron nous a expliqué que les anciens codes allaient sauter. On a fait passer beaucoup de fonctionnaires, serviteurs de l’État, comme des vieux gardiens de musées, avec de vieilles habitudes et on les a remplacés par de nouvelles habitudes, avec des gens de la société civile, sans aucune culture de l’État, avec une espèce d’immaturité dans la manière d’exercer ce même pouvoir. Je ne compare pas Benalla et Macron, mais ils sont tous les deux impliqués dans cette ambiance-là de "tout permis".
Est-ce la fin d'une époque ?
J’ai un parcours d’élu local qui m’a fait prendre quelques claques dans la figure, qui m’a appris ce qu’était l’exercice de l’intérêt général. Il se peut que cette culture-là ait disparu. Et que ce soit symptomatique d’une époque et pas seulement d’un dérapage individuel. Ce qui me choque depuis 18 mois à l’Assemblée nationale, c’est que les députés sont devenus des fans quasi aveuglés par Emmanuel Macron, alors qu’ils auraient dû tirer la sonnette d’alarme.
Appelez-vous à la fin de la mobilisation des "gilets jaunes" ?
Je pense que ce que nous connaissons depuis plusieurs semaines n’a rien à voir avec le mouvement des "gilets jaunes". Si ces moments doivent être des moments d’excitation de la haine et de la violence, alors il faut que cela cesse. Les manifestations qu’on voit dans les grandes villes doivent prendre fin. Cela me stupéfait qu’à Paris ou Toulouse, l’État ne soit pas capable d’arrêter ces quelques centaines d’énergumènes qui viennent professer la haine et casser des vitrines. Il va falloir agir.
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