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Mort d'Yvan Colonna : "Il existe de nombreux dysfonctionnements de l'administration pénitentiaire de ce pays", affirme le député Laurent Marcangeli

Le député de Corse-du-Sud plaide pour un meilleur suivi de la radicalisation en prison, et pour une meilleure prise en charge des détenus atteints de maladies mentales.
Article rédigé par franceinfo
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Le député de Corse-du-Sud Laurent Marcangeli dans l'hémicycle le 6 février 2023. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Sur cette affaire, comme sur d'autres en milieu pénitentiaire, nous constatons ce qui avait déjà été constaté par d'autres rapports d'enquête parlementaire, c'est qu'il existe de nombreux dysfonctionnements de l'administration pénitentiaire de ce pays", a réagi mardi 30 mai sur franceinfo Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud et président du groupe Horizons et apparentés. Dans son rapport, la commission d'enquête parlementaire sur l'agression mortelle du militant indépendantiste corse Yvan Colonna à la prison d'Arles en mars 2022 pointe "des défaillances" et "un défaut de surveillance".

>> "Défaillances" à la prison d'Arles, "mansuétudes" envers l'agresseur… Ce qu'il faut retenir du rapport d'enquête parlementaire sur la mort d'Yvan Colonna

Ces défaillances "peuvent parfois, malheureusement, coûter la vie d'un détenu ou même d'un surveillant", souligne le rapporteur de la commission d'enquête parlementaire. "Sur cette affaire cela a coûté la vie d'un détenu, en l'espèce Yvan Colonna."

"Le suivi du radicalisme religieux en prison est sous-évalué"

Laurent Marcangeli fait "un certain nombre de préconisations à la lumière des faits". Selon lui, "le suivi du radicalisme religieux en prison est parfois sous-évalué". Yvan Colonna, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé le 2 mars 2022 dans la salle de sport de la prison par Franck Elong Abé, un homme radicalisé de 36 ans condamné notamment dans un dossier terroriste. Le député pointe "les problématiques liées à la santé mentale des détenus", rappelant que Franck Elong Abé a été "reconnu comme malade mentalement".

"Si demain on veut éviter que ce genre de drame ne se reproduise, il y a de nouvelles méthodes à employer pour lutter contre la radicalisation en détention, et surtout pour faire en sorte que des personnes malades mentalement soient prises en compte comme elles devraient l'être."

Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud

à franceinfo

"La responsabilité de la direction d'alors"

Le rapport de la commission d'enquête fait également le constat que la prison d'Arles, où a été assassiné Yvan Colonna, "porte beaucoup de stigmates de ces défaillances qu'on voit dans le système carcéral français". "Il y a la responsabilité de la direction d'alors, il y a l'organisation des services, il y a la vidéosurveillance qui est défaillante", détaille Laurent Marcangeli. "À travers ce drame" et le cas "très médiatique de l'agression d'Yvan Colonna", le député y voit "un problème systémique dans nos maisons centrales, dans nos maisons d'arrêt, dans nos lieux de privation de liberté en France". 

La commission d'enquête parlementaire a formulé "29 propositions" autour d'un "triptyque", détaille encore Laurent Marcangeli. "Le premier, c'est éclairer la représentation nationale et nos concitoyens sur ce qui s'est passé, parce que c'est un crime, et il est dû à des défaillances, notamment de l'administration pénitentiaire." Le deuxième pan de ce triptyque est "l'apaisement" qui passe notamment par "le rapprochement des détenus corses, parce que ce rapprochement, ils y ont droit". Enfin, il faut "avancer, parce qu'il faut dépasser ces événements douloureux que nous connaissons depuis 1998, avec l'assassinat d'un préfet de la République".

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