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Pour Jack Lang, il faut rogner "sur la durée des vacances pour que le temps scolaire soit aussi important en France qu’en Europe"

Le président de l’Institut du Monde arabe, Jack Lang, était l'invité du "19h20 politique" sur franceinfo, lundi soir. En ce jour de rentrée scolaire, celui qui fut notamment ministre de l’Éducation nationale est revenu sur l'actualité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jack Lang, président de l’Institut du Monde arabe et ancien ministre de l’Éducation nationale et de la Culture, le 3 septembre 2018. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Alors que certaines communes souhaitent revenir à la semaine de 4 jours, Jack Lang juge, lundi 3 septembre sur franceinfo, "ce n'est pas au maire" de décider du temps scolaire, mais "c'est une question nationale". L'actuel président de l’Institut du Monde arabe et ancien ministre de l’Éducation nationale et de la Culture estime qu'il va falloir rogner "sur la durée des vacances scolaires pour que le temps scolaire des enfants soit aussi important en France qu’en Europe".

franceinfo : 80% des communes veulent revenir à la semaine de 4 jours. Est-ce une régression ?

Jack Lang : Le temps scolaire, c’est une question qui ne peut pas être abandonnée au choix des uns et des autres. L’éducation est nationale et c’est le gouvernement, le ministre, qui doit décider du temps scolaire. Or, en France, le temps scolaire est le plus faible d’Europe. On va encore le diminuer alors que c’est le lieu de formation des esprits. Maintenant, les enfants vont être livrés à la rue, à la télévision et au reste le mercredi matin ? Il y a une part d'abandon de la part des responsables nationaux. C’est une question nationale, ce n’est pas au maire d’en décider. Il va falloir maintenant que le ministre et le gouvernement rognent sur la durée des vacances scolaires pour que le temps scolaire des enfants soit aussi important en France qu’en Europe.

Jean-Michel Blanquer pousse à une évaluation des établissements scolaires. Est-ce une bonne idée ?

Notre système est trop fondé sur la compétition entre élèves, la compétition entre établissements. Il faut surtout aider les enfants à réussir. Je suis préoccupé par cette décision. Pour les professeurs, c’est une charge lourde qui s’accomplit au détriment de l’enseignement. Par ailleurs, monsieur Blanquer a pris de bonnes mesures pour le latin, le grec, les classes européennes, mais il ne s’attaque pas avec assez de force à la formation des maîtres. Et la formation des maîtres, c'est la clé de la réussite des enfants.

Le dédoublement des classes de CP en ZEP, est-ce-que cela va dans le bon sens ?

C’est une bonne mesure en soi. On rêverait qu’elle soit généralisée à l’ensemble du pays. Mais, un des paradoxes, dans quelques années, c’est qu’on risque d’augmenter les effectifs d’élèves dans les classes autres que celles-là. D’une certaine manière, elle ratifie la séparation territoriale dommageable entre les bons quartiers et les moins bien quartiers et on rêverait d’une politique de la mixité sociale et territoriale.

Avez-vous l'impression qu'Emmanuel Macron a perdu la main pour cette rentrée ?

Un président de la République peut connaître des moments plus tumultueux que d’autres. C’est vrai qu’en ce moment, il y a une accumulation de malchances ou d’erreurs ou de difficultés. Sans doute le président de la République a besoin de réaffirmer sa ligne [politique]. Les gens donnent le sentiment d’être un peu perdus. Donc j’imagine qu’Emmanuel Macron, au cours des prochains temps, rappellera ce que sont ses grandes ambitions.

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