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"Je n'aime pas ce système de délation", affirme Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l'Assemblée, à propos de Marielle de Sarnez

Marc Fesneau, secrétaire général du parti, a été élu président du groupe MoDem à l'Assemblée après la renonciation à ce poste de Marielle de Sarnez, quatre jours après son départ du gouvernement. Il était l'invité du 8h30 Apathie.

Article rédigé par franceinfo
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Marc Fesneau, secrétaire général du parti, a été élu président du groupe MoDem à l'Assemblée. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Quatre jours après le départ de Marielle de Sarnez du gouvernement dans la foulée du président du MoDem François Bayrou, Marc Fesneau, a été élu dimanche à l'unanimité des 42 députés votants. Seul candidat, ce député du Loir-et-Cher de 46 ans, secrétaire général du parti, était l'invité de franceinfo.

"Nous avons des responsabilités à nous répartir, les choses se sont faites assez naturellement", a-t-il expliqué, à propos du départ de Marielle de Sarnez. Quelle que soient les suites données à l'affaire, il assure cependant que Marielle de Sarnez ne reprendrait toutefois pas sa place. Invité à revenir sur le départ de François Bayrou, en forme de réponse, il pose la question : "Nous étions dans un moment très éruptif. Comment, alors, exercer ses responsabilités ?"

"Marielle de Sarnez n'a pas été candidate et elle trouvait bien que je sois candidat à cette élection. On a des responsabilités à se répartir, les choses se sont faites très simplement", a-t-il réagi. "On fera lit de toutes ces affaires-là, j'espère, rapidement pour que les choses soient plus sereines, explique-t-il. Il faut laisser faire la justice : Il y a beaucoup de choses qui sont dites, qui sont écrites, mais on procède à chaque fois par des déclarations anonymes et je n'aime pas ce système de délation. Que vous [journalistes] fassiez votre travail, c'est normal mais on jette des noms en pature : il faut que la justice fasse lumière sur tout ça et nous rende notre bon droit."

Sur le départ de Sylvie Goulard, elle aussi à la suite des affaires relatives au financement de permanents du parti, le député affirme l'avoir découvert dans la presse : "Je l'ai découvert dans le JDD... Je suis surpris. Choqué, c'est à voir... Il faut laisser Sylvie Goulard s'expliquer. Et établir les faits. Il y a des charges qui peuvent être lourde : il faut attendre la parole de Sylvie Goulard."

Selon le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, Emmanuel Macron "réfléchit" à réunir députés et sénateurs en Congrès à Versailles, avant le discours de politique générale du Premier ministre, Edouard Philippe. Faudrait-il y voir une volonté de marginaliser le Premier ministre ? Non, selon Marc Fesneau. "Ce n'est pas une baffe pour le Premier ministre, ça me paraît normal même, si c'est du jamais vu, affirme-t-il. On est en train de retrouver ce qui était la base de l'organisation avec un président qui préside, qui assume ses responsabilités et un Premier ministre qui gouverne avec sa majorité et ses ministres." "Je ne trouve rien de choquant à ce que le président de la République puisse donner le cap et à ce que le Premier ministre puisse le décliner le lendemain, parce que c'est comme ça que cela procède."

François Bayrou avait, par le passé, dénoncé l'"hyperprésident Sarkozy". Alors que certains avancent qu'Emmanuel Macron, à certains égards, pourrait emprunter la même voie, n'y aurait-il pas, alors, une contradiction pour le MoDem à soutenir la réunion du Congrès par le président de la République ? "Ce que Bayrou reprochait, c'était que le président de la République fasse Premier minstre, défend Marc Fresneau. Là, nous avons un président qui fait le président... Je ne vois rien de choquant à ce que le président fixe un cap, et que le lendemain, le Premier ministre le décline en mesures..."

Marc Fesneau ne sera pas un "godillot"

"Je n'ai pas le tempérament, ni l'envie d'être un godillot, peut-être parce que je débute, mais on verra", souligne-t-il, interrogé sur la position que son groupe adoptera notamment lors des discussions sur l'intégration dans le droit commun d'éléments liés à l'état urgence. "La volonté des députés, c'est de faire leur travail de parlementaire, assure-t-il. On est plus de 400 nouveaux députés, En Marche ! compris. On va donc aborder les choses avec l'allant d'une nouvelle équipe. Si on ne veut pas être des godillots [expression née dans les années 60 pour qualifier les parlementaires gaullistes qui soutenaient sans faille le général], il faut d'abord relire les textes pour les amender et les améliorer."

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est prononcé contre la construction d'un centre d'accueil à Calais, lors de sa visite vendredi dernier, le 23 juin. "Les Anglais doivent prendre leur part à cette charge, qui génère des tensions insupportables", a réagi Marc Fesneau. "La situation à Calais est insupportable. Les Calaisiens ont fait preuve de patience face à l'incapacité de l'État à gérer ce flux de migrants. La question reste la répartition de ces migrants sur l'ensemble du territoire français : il ne faut pas les concentrer à Calais, car cela génère des tensions."

Ce lundi matin, des migrants ont installé un barrage enflammé sur l'A16, ce qui a donné lieu à 21 interpellations. Dans le même secteur la semaine dernière, dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 juin, un chauffeur polonais est mort dans un accident provoqué par un barrage construit par des migrants. "Il faut trouver des solutions et avoir un dialogue avec les Anglais. Il faut renégocier les accords du Touquet", [le traité signé entre la République française et la Grande-Bretagne le 4 février 2003 pour faciliter les contrôles et partager également le traitement des demandes d'asile entre les deux pays, traité que veut renégocier Emmanuel Macron, notamment sur la question des mineurs isolés.], appelle le député.

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