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Migrants : le chef de l'Etat est devenu "ultra-répressif", juge Benoît Hamon

L'ex-candidat socialiste à la présidentielle, invité vendredi de franceinfo, a vivement critiqué la politique migratoire d'Emmanuel Macron, qui a bien compris, dit-il, que "les migrants, ce n'est pas un sujet populaire". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Benoît Hamon, ancien ministre de l’Education nationale, ancien candidat socialiste à l’élection présidentielle. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Benoît Hamon, ancien candidat socialiste à l’élection présidentielle, invité de franceinfo, vendredi 19 janvier, a vivement critiqué la politique migratoire d'Emmanuel Macron. "Les migrants, ça n'est pas populaire comme sujet, je le sais. Et Emmanuel Macron l'a bien compris. Il est devenu ultra-répressif, parce que c'est populaire", a affirmé Benoît Hamon.

L'ex-ministre a critiqué la circulaire de Gérard Collomb sur le recensement des migrants dans les centres d'hébergement d'urgence. "La circulaire Collomb est un choix politique qui consiste à criminaliser la pauvreté. Je considère que ce gouvernement n'est pas bienveillant (...) C'est une politique indigne, a-t-il dénoncé. "Ce que fait Emmanuel Macron sur la question des migrants est équivalent à ce qu'avait fait le précédent président de la République sur la déchéance de la nationalité, c'est une rupture avec un principe sacré de la République, le droit inconditionnel à l'accueil", a ajouté Benoît Hamon. "Je ne me retrouve pas dans cette vision appauvrie de la démocratie et de la République", a-t-il conclu.

NDDL : "une bonne décision"

Benoît Hamon s'est montré satisfait du choix du gouvernement sur Notre-Dame-des-Landes, en faveur de l'aménagement de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique. "Je pense que c'est une bonne décision d'Edouard Philippe" a-t-il déclaré. "J'observe qu'une décision est prise, qu'elle va dans le sens de la préservation de l'environnement des zones humides, de la volonté de reconquête des terres agricoles. Ça n'empêche pas le développement de la région" a argumenté Benoît Hamon.

Dans le même temps sur RTL, l'ancien Premier ministre Manuel Valls a qualifié "d'erreur", le fait "d'avoir abandonné ce projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes". Réponse immédiate et sèche de Benoît Hamon : "Je pense que c'est une bonne décision d'Edouard Philippe. Si c'était une erreur, il avait largement le temps de prendre la décision lui-même."

Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur veut privilégier la négociation pour faire libérer les routes autour de la ZAD, ce qui satisfait aussi Benoît Hamon.
"Réjouissons-nous de ce moment Collomb qui parle de médiation, de dialogue là où sur les migrants sur les questions de sécurité, on l'a plutôt entendu dans le registre assez martial", a déclaré l'ancien ministre, qui souhaite que l'"on retrouve progressivement une capacité à pouvoir utiliser ce domaine public de la manière la plus libre qui soit". Selon Benoît Hamon, "la négociation et la discussion sont les meilleures manières de faire". "Si le gouvernement fait ce choix-là, je l'approuverai" a-t-il ajouté. 

Une RCC au détriment "des plus âgés"

La procédure de rupture conventionnelle collective (RCC) a reçu l'accord d'une majorité de syndicats à PSA. Pour Benoît Hamon, le nouveau dispositif prévu par les ordonnances réformant le Code du travail "est un des moyens utilisés par les directions des ressources humaines pour se débarrasser des salariés les plus âgés et les remplacer par des salariés plus jeunes et moins chers".

L'ex-candidat PS à la présidentielle a poursuivi en regrettant qu'il y ait "davantage de contrôle sur les chômeurs". "C'est une des raisons pour lesquelles je continue à être opposé à cette conception du marché du travail qui considère que moins les salariés ont de droits, mieux l'économie se porte", a résumé Benoît Hamon.

Par ailleurs, Benoît Hamon a critiqué les choix faits par Emmanuel Macron sur le budget de l'Europe. "La France dit qu''on n'augmente pas le budget européen mais qu'il faut augmenter les dépenses en matière de lutte contre les migrations et pour la défense", a-t-il déclaré. "Défense et migrations, c'est du Sarkozy dans le texte" a-t-il estimé. "J'observe que Nicolas Sarkozy défendait un certain nombre de choix et encore je me demande s'il n'était pas plus doux en réalité dans les faits parfois sur certains sujets", a avancé Benoît Hamon. 

Regardez l'intégralité de l'entretien de Benoît Hamon sur franceinfo le 19 janvier 2018.

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