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"Nous ne pourrons pas transformer le pays si chacun ne se retrousse pas les manches", lance Benjamin Griveaux

Selon le porte-parole du gouvernement, invité mardi de franceinfo, Emmanuel Macron a voulu dire devant le Congrès qu'il "ne peut pas tout" et qu'il "ne peut pas tout seul". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat auprès du premier Ministre, porte-parole du gouvernement. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Le porte-parole du gouvernement, invité mardi 10 juillet de franceinfo, a justifié la nécessité pour Emmanuel Macron de s'exprimer devant le Congrès, comme il l'a fait hier à Versailles, pour préciser "le sens, le cap, l'horizon des politiques conduites". Selon Benjamin Griveaux, le chef de l'État a voulu dire qu'il "ne peut pas tout", et qu'il "ne peut pas tout seul". En plus des lois, "la société civile, les citoyens, les entreprises, le monde associatif, les corps intermédiaires, les collectivités locales doivent s'emparer de la transformation du pays, a-t-il souhaité. Nous ne pourrons pas transformer le pays si chacun ne se met pas autour de la table, ne se retrousse pas les manches et n’y met pas de la volonté." 

Un peu plus d'un an après l'élection d'Emmanuel Macron à l'Elysée, le porte-parole du gouvernement, également secrétaire d'État auprès du Premier ministre, a concédé un défaut d'explication sur "la transformation" engagée. 

"Ce qui n’a pas été réussi, c’est de faire entendre à nos concitoyens que la transformation sociale du pays et que le plus de justice sociale étaient profondément engagés, a indiqué Benjamin Griveaux. Quand on fait la réforme de l’Éducation, lorsqu’on divise par deux le nombre d’élèves par classe, lorsqu’on fait de l’investissement dans les compétences avec les 15 milliards d’euros investis, tout ça, c’est le débat sur la jambe sociale, c’est cette explication-là qui, peut-être, n’a pas été réussie et qu’il [Emmanuel Macron] a appelé, hier, l’État providence du XXIe siècle." 

À la recherche de "la transformation" du quinquennat précédent 

Le porte-parole du gouvernement a reproché à l'ancien président de la République, François Hollande, d'avoir "servi des clientèles électorales" et de ne pas avoir engagé de transformations en profondeur. "Les mesures structurantes des cinq dernières années, je les cherche encore. Il n'y a pas eu de mesure de grandes transformations (...) dans le domaine de l'Éducation, dans le domaine des compétences, dans le domaine de la formation professionnelle, dans le domaine de l'enseignement supérieur", a jugé Benjamin Griveaux.

Selon le porte-parole du gouvernement, la mesure phare de François Hollande, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) n'est pas une mesure structurante. "Le CICE, c'est la compétitivité des entreprises. Ce qui intéressant, c'est le temps long. Le temps long, c'est l'éducation, c'est comment on construit l'économie de l'intelligence, l'économie des compétences pour lutter contre la compétition qui se fait justement sur la question de l'innovation, sur la question de l'intelligence. Cela n'a pas été préparé depuis dix ans", a-t-il regretté.

L'indépendance de la justice : "un trésor national"

Appelé à s'exprimer sur la mesure de justice concernant la saisie d'aides publiques au Rassemblement national (ex-FN), Benjamin Griveaux a refusé de commenter la décision, mais le porte-parole du gouvernement a visé les déclarations et réactions de Marine Le Pen, la présidente du RN. "Quand on aspire aux plus hautes fonctions de l'État, on respecte d'abord l'indépendance de l'autorité judiciaire", a-t-il déclaré. "La PME Le Pen a vécu depuis Poujade sur la dénonciation et le poujadisme à l'égard de la classe politique. Qu'elle [Marine Le Pen] soit exemplaire. (...) La justice dans ce pays est indépendante du pouvoir exécutif et législatif. Il va falloir s'y habituer une fois pour toutes (...) C'est un trésor national, il faut le préserver", a-t-il ajouté.  

L'état préoccupant de Sentsov emprisonné

Par ailleurs, interrogé sur la mobilisation de cinéastes et d'intellectuels français en faveur d'Oleg Sentsov, un cinéaste ukrainien en prison pour "terrorisme" en Russie, Benjamin Griveaux a estimé que "les droits élémentaires" de la défense du détenu, qui fait la grève de la faim, "n'ont pas été respectés".

"La mobilisation se fait de chef d'État à chef d'État, mais également par les ONG et par notre appareil diplomatique", a poursuivi le porte-parole du gouvernement, estimant que "peu de choses émeuvent" Vladimir Poutine, le président russe.  

Regardez l'intégralité de l'entretien de Benjamin Griveaux sur franceinfo le mardi 10 juillet 2018.

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