Cet article date de plus de six ans.

Suppression de l'ISF : "Pourquoi ce serait aux fonctionnaires de payer cette addition ?", s'interroge François Hollande

Alors qu'une nouvelle grève débute dans la fonction publique, François Hollande, invité sur franceinfo, a notamment fait un lien entre la suppression de l'ISF et les économies réclamées à la fonction publique. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Hollande. Ancien président de la République – Auteur de « Les leçons du pouvoir » (éditions Stock). (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

"Ça n'a pas gêné le pouvoir de dire qu'il fallait supprimer l'impôt sur la fortune. Pourquoi ce serait aux fonctionnaires de payer cette addition ?", s'est interrogé François Hollande ce mardi sur franceinfo, alors qu'une nouvelle grève débute dans la fonction publique. "Pourquoi va-t-on donner des largesses aux uns et demander des efforts aux autres ?", a poursuivi l'ancien chef de l'État, faisant un lien entre la suppression de l'ISF et les économies réclamées à la fonction publique.

"Ce n'est pas le travail qu'on encourage. On encourage le placement financier, et même la thésaurisation, puisque vous ne paierez plus l'impôt sur la fortune même si vous avez des liquidités qui sont en banque", a-t-il dénoncé, reprenant sa formule de "président des très riches" pour qualifier Emmanuel Macron. Cette formule "n'était pas préparée mais elle est bienvenue", a ajouté François Hollande.

"L'erreur, a-t-il poursuivi, c'est d'afficher une diminution des effectifs de la fonction publique [120 000 postes au cours du quinquennat], comme ça, sans dire pourquoi, où, comment et à partir que quel raisonnement, comme s'il fallait faire de la fonction publique une variable d'ajustement." François Hollande a également dénoncé la volonté du gouvernement de "faire des contrats à durée déterminée dans la fonction publique", alors que la priorité est, selon lui, de "réduire la précarité". "Aujourd'hui, il faudrait mettre de la précarité pour assurer une bonne mission de service public ? Non, ça n'a pas de sens", a estimé François Hollande.

 François Hollande s'est dit "inquiet" de la situation en Italie, où "une alliance entre un parti d'extrême droite [la Ligue] et un mouvement populiste [le Mouvement 5 étoiles]" s'apprête à diriger le pays. "Il peut y avoir des conséquences pour toute l'Europe parce que l'Italie, qui est un pays d'accueil, a des responsabilités, et si elle ne les exerce plus, on verra des migrants, des réfugiés, venir partout dans des conditions déplorables et avec une surenchère dans tous les pays européens", a mis en garde l'ancien chef de l'Etat, tout en reconnaissant que l'Union européenne est restée "sourde" aux problèmes de l'Italie.

"Quand Matteo Renzi disait, en 2015, qu'il y avait une pression migratoire, qu'il fallait régler la question des réfugiés et que l'Europe était sourde (…) oui, je pense qu'on n'a pas réagi suffisamment vite", a expliqué François Hollande. "Le problème de l'Europe, ce n'est pas qu'elle prenne de mauvaises décisions, je pense qu'elle prend plutôt de bonnes décisions, mais elle les prend tellement tard que les problèmes se sont aggravés au moment où les choix sont faits. Et ça a été le cas pour la question des réfugiés", a-t-il estimé.

François Hollande s'est dit inquiet pour l'Italie et l'Europe "sur le plan budgétaire", puisque "le programme" du Mouvement 5 étoiles est "d'augmenter la dépense publique". "La dette publique italienne est très importante" et "le système bancaire très fragile", a-t-il averti, même s'il n'y a pas, selon lui, de "risque d'éclatement de la zone euro comme ça pouvait exister avec la Grèce".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.