Charlie Hebdo : "il faut aussi penser à la transmission" affirme Riss
Quatre ans après l'attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, le directeur de la rédaction du journal était l'invité de franceinfo, l'occasion pour lui de réagir sur l'état d'esprit de la rédaction après le drame, le coût de la sécurité et les menaces qui pèsent toujours sur les caricaturistes.
"On a le déroulé de la journée qui nous revient en tête" confie Riss. Quatre ans après l'attentat contre Charlie Hebdo qui a fait 11 morts, dont des figures emblématiques du journal, l'actuel directeur de la rédaction reconnaît que "c'est un peu tous les jours le 7 janvier" pour les survivants. "Paradoxalement, c'est le journal qui nous permet, non pas de penser à autre chose, mais d'avoir un objectif toutes les semaines, de faire quelque chose de concret qui nous fait plaisir. Cela nous donne un objectif dans nos vies que le journal soit à nouveau là", a-t-il expliqué.
Un journal produit dans des conditions de sécurité draconiennes. "Il faut toujours faire attention [...] il faut toujours être sur ses gardes, et puis on le voit dans l'actualité, les gens sont de plus en plus excités pour un rien, il faut être prudent" rappelle Riss. Une vie rythmée par une protection permanente. "On trouve des solutions entre nous pour que je puisse faire un peu ce que je veux" confie le directeur de la publication de Charlie Hebdo. "C'est une autre équipe, il y a l'équipe du journal et il y a l'équipe de la sécurité" conclut-il.
Le coût de la sécurité
Les dépenses de sécurité sont entièrement à la charge du journal, déplore son directeur de la rédaction. Charlie Hebdo dépense chaque année "1,5 million d'euros" pour assurer sa sécurité, "ce n'est pas viable à terme" selon Riss. "Aucun média n'est dans cette situation-là" ajoute-t-il, avant de poursuivre "On est en contact avec certaines personnes du ministère pour peut-être améliorer ça".
Selon Riss, "autour de 30 000 exemplaires" de Charlie Hebdo sont vendus chaque semaine en kiosque et le journal satirique compte "à peu près 30 000 abonnés". C'est moins que dans les semaines suivant l'attentat et la reparution de l'hebdomadaire, mais les ventes restent plus importantes qu'avant le 7 janvier 2015. "Un journal, il faut aussi penser à la transmission. C'est ce qu'il s'est passé avant : les anciennes générations nous ont transmis le journal donc c'est à nous aussi de le transmettre si on veut qu'il dure longtemps. C'est aussi à ça que je travaille" complète Riss.
Les caricaturistes toujours menacés
Principal sujet d'actualité depuis plusieurs semaine, le mouvement des "gilets jaunes" ne peut se résumer "en quelques caricatures" met en garde Riss. L'hebdomadaire satirique ne s'est pourtant pas privé d'en publier, comme le dessinateur Alex, dans le Courrier Picard, et menacé de mort pour l'un de ses dessins associant Jean-Luc Mélenchon et Éric Drouet. "Les gens balancent des menaces de mort à tort et à travers, d'ailleurs souvent ils ne se rendent même pas compte que ce qu'ils font est totalement illégal" réagit le directeur de la publication de Charlie Hebdo. "J'ai l'impression que depuis quatre ans, les choses se sont désinhibées", a regretté Riss.
Retrouvez l'intégralité de l'émission "8h30 Fauvelle Dély" du 7 janvier 2019 :
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