Climat social, feuille de route d'Elisabeth Borne, loi immigration, mixité scolaire… Ce qu'il faut retenir de l'interview de Gérard Larcher
Gérard Larcher, président Les Républicains (LR) du Sénat et sénateur des Yvelines, était l'invité du 8h30 franceinfo, mercredi 26 avril 2023. Climat social, feuille de route d'Élisabeth Borne, loi immigration, mixité scolaire… Il répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.
Climat social : "Il faut respecter le président de la République"
"Il faut respecter le président de la République. On peut être en désaccord, on peut le manifester. Mais je crois qu'à un moment, il faut retrouver la raison", a réagi le président du Sénat LR Gérard Larcher alors qu'il était interrogé sur le climat social dans le pays et les "casserolades", ces concerts de casseroles qui accompagnent Emmanuel Macron à chacun de ses déplacements. "Retrouver la raison, c'est cesser ces agressions vis-à-vis des élus, vis-à-vis des ministres", a-t-il poursuivi. "Il va falloir se retrouver, parler, négocier", a-t-il insisté. Quant à la crise démocratique, le président du Sénat pense que "ce n'est pas le cas", mais plutôt que "nous avons une crise de gouvernance" liée "à la verticalité du président de la République". Selon lui, la crise relève de "l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale" pour le camp présidentiel.
Feuille de route d'Elisabeth Borne : "En 100 jours, on ne fera pas ce qu’on n’a pas fait en six ans"
"En 100 jours, on ne fera pas ce qu’on n’a pas fait en six ans", a lancé Gérard Larcher. "La page des retraites n'est pas tournée", a-t-il souligné, ajoutant qu'"il y a toute la dimension qui va suivre cette réforme et qui va faire l'objet des négociations nécessaires pour accompagner le dispositif d'évolution des retraites". "Il faut que les partenaires sociaux se mettent autour de la table en se donnant le temps de la négociation et de rechercher les accords", a-t-il suggéré. "Il y a du grain à moudre et ce grain-là, il faut le transformer en bonne farine dans l'intérêt des salariés, dans l'intérêt des entreprises, dans l'intérêt tout simplement de notre pays", a également avancé le sénateur des Yvelines.
Les Républicains : "Il faut que notre famille politique retrouve de la cohérence, de la cohésion"
Gérard Larcher a exhorté la droite à retrouver "de la cohérence, de la cohésion" et "qu'elle ait un projet et qu'elle parle avec les Français", après s'être déchirée sur la réforme des retraites. Interrogé sur une éventuelle coalition de gouvernement entre l'exécutif et LR, le président du Sénat a assuré être pour "une ligne autonome", "une ligne indépendante" et qu'il faut "travailler texte par texte, en dialoguant, en les enrichissant". "Pour faire une coalition, il faut un projet, un contrat et une majorité. Les conditions pour créer une coalition ne sont pas réunies aujourd'hui", a-t-il poursuivi. "Mon horizon, ce sont les élections sénatoriales en septembre", a-t-il assuré, évacuant du même coup une éventuelle entrée à Matignon. Concernant les élections présidentielles de 2027, Gérard Larcher a affirmé qu'"Il y aura le moment venu sans doute plusieurs candidats".
Loi immigration : "Il faut un texte de régulation des flux migratoires, c'est indispensable"
"Il faut un texte de régulation des flux migratoires, c'est indispensable", a estimé le président du Sénat, alors que le projet de loi sur l'immigration n'arrivera pas à l'agenda du Parlement avant l'été, selon les informations de franceinfo de sources concordantes. "Nous verrons, nous verrons les annonces de la Première ministre, nous verrons la lettre qui va suivre de la part du ministre en charge des Relations avec le Parlement", a réagi Gérard Larcher. "Nous sommes prêts à réengager le débat", a-t-il ajouté. "Il faut un texte global qui permet de répondre à la question de l'asile, de l'immigration familiale, à la question aussi liée à l'accueil étudiants", a expliqué le sénateur LR. "Il faut un texte qui permette en même temps d'accompagner l'intégration et le co-développement", a-t-il esquissé.
Toutefois, le patron du Sénat a assuré que son camp s'opposerait à la création d'un titre de séjour pour les travailleurs sans papiers dans les "métiers en tension", qui manquent de main-d'œuvre. "Nous sommes défavorables" à cette mesure, a-t-il assuré. "Nous nous méfions de tout ce qui constitue un appel d'air", a-t-il pointé. Emmanuel Macron prône désormais un seul texte sur le volet immigration après avoir appelé à le diviser pour faciliter son adoption. Les Républicains s'étaient d'ailleurs positionnés en faveur d'un seul texte sur l'immigration.
Mayotte : "Il faut que le gouvernement des Comores prenne ses responsabilités, sinon il faudra en tirer toutes les conséquences"
"C'est un revers pour Mayotte tout entier", a réagi Gérard Larcher à la suspension par la justice de l'opération "Wuambushu" d'évacuation d'un bidonville, prévue mardi 25 avril dans le cadre de la lutte contre la délinquance et l'habitat insalubre à Mayotte, après le refus la veille des Comores d'accepter les bateaux de migrants expulsés. "On peut avoir un revers judiciaire, mais je partage la volonté du ministre (Gérald Darmanin) que la République soit pleinement la réalité pour nos compatriotes mahorais", a-t-il soutenu. "Si on veut dire à Mayotte qu’elle appartient vraiment à la République, encore faut-il qu'ils aient le sentiment qu’on assure leur sécurité”, a-t-il ajouté.
Une grande partie de la population mahoraise soutient ces opérations d'expulsion, accusant l'immigration clandestine, principalement comorienne, de nourrir l'insécurité sur l'île. Cependant, les Comores disent ne pas avoir les moyens d'accueillir un afflux de migrants et accusent Paris de semer la violence. L'occasion pour le président du Sénat de revenir sur l'accord avec Moroni passé en 2019. Les Comores se sont, en effet, engagées à "coopérer" avec Paris sur l'immigration, en échange d'une aide au développement de 150 millions d'euros. "Il faut que le gouvernement des Comores prenne ses responsabilités, sinon il faudra en tirer toutes les conséquences", a tranché Gérard Larcher.
Mixité sociale et scolaire : "Ne rallumons pas la guerre scolaire"
Le sénateur LR a mis en garde contre un risque de "nouvelle guerre scolaire" autour du projet porté par le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye de renforcer la mixité sociale dans l'enseignement privé. "Ne rallumons pas la guerre scolaire", a prévenu Gérard Larcher, alors que la défense de l'école privée fait figure de totem pour la droite depuis le mouvement de l'École libre qui avait rassemblé plus d'un million de personnes dans les rues en 1984 pour mettre en échec le projet de loi Savary voulant créer un "grand service public" de l'Éducation nationale. "L’école, c’est la transmission des savoirs. C’est ça la première priorité. La mixité ne doit pas être un paravent”, a déclaré Gérard Larcher.
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du mercredi 26 avril 2023 :
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