Guerre en Ukraine, droits de douane contre la Russie, CETA et guerre à Gaza...Que faut-il retenir de l'interview de Valérie Hayer
Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux élections européennes était l'invitée de Demain l'Europe du lundi 25 mars 2024. Elle répondait aux questions de Salhia Brakhlia, Jérôme Chapuis, Renaud Dély, Jurgen Ullerup du quotidien danois Jyllands-Posten, et Stefano Montefiori, du quotidien italien Corriere della Sera.
"Personne ne veut d’affrontement avec la Russie"
"Vladimir Poutine cherche à instrumentaliser cet attentat terroriste pour redoubler ses attaques contre l’Ukraine", indique Valérie Hayer, tête de liste de la majorité présidentielle aux Européennes, après l'attentat près de Moscou qui a fait au moins 137 morts. Il faut "continuer à soutenir l’Ukraine" mais "personne ne veut d’affrontement avec la Russie", soutient-elle. "Soutenir", sans être "cobelligérants", ça veut dire "envoyer des formateurs, produire directement sur le sol ukrainien", dit la tête de liste.
"Il faut utiliser", les intérêts des avoirs russes gelés, qui représenteraient trois milliards d'euros, pour les reverser à l'Ukraine, estime-t-elle. "C'est indispensable d'avancer dans cette direction", même si elle reconnaît qu'"il y a des interrogations juridiques qui se posent". "Si à la fin, on nous dit que ce n'est pas légal, mais que ça permet d'aider nos amis Ukrainiens, moi, je suis toujours dans le respect du droit, mais sur cette situation particulière (…) il faut prendre des décisions politiques aussi", résume Valérie Hayer.
"Il faut observer quel serait l'impact d'une victoire de Vladimir Poutine en Ukraine"
Alors que l'Europe se prépare à imposer des droits de douane sur les produits agricoles russes et biélorusses, la Russie avertit que "les consommateurs européens souffriront". Un fait que Valérie Hayer ne nie pas, mais souhaite mettre en perspective : "Il faut prendre les mesures nécessaires pour sanctionner le régime de Vladimir Poutine". Elle appelle surtout à "prendre un peu de recul, et observer quelle serait la situation en cas de victoire de Vladimir Poutine. Si demain la Russie gagne en Ukraine, elle détiendrait 80% des stocks de blé, je vous laisse imaginer quel serait l'impact en terme d'inflation."
Rejet du CETA par le Sénat : "c’est de la démagogie pure"
En cas de rejet du Ceta par le Parlement français, cet accord de libre-échange avec le Canada "pourrait" continuer à s'appliquer, reconnaît Valérie Hayer. "Ce sera la décision du gouvernement de voir quelle position sera prise", ajoute la tête de liste de la majorité présidentielle aux Européennes. Après le rejet du Ceta par le Sénat, jeudi, les communistes ont annoncé leur intention de le remettre à l'ordre du jour de l'Assemblée, le 30 mai. Leur but : obtenir un "non" définitif du Parlement et donc l'échec du processus de ratification en France. L'exécutif pourrait alors faire comme Chypre : ne pas notifier ce rejet à la Commission européenne. Dans ce cas, l'accord continuerait à s'appliquer. Pour la présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen, le rejet par le Sénat de cet accord de libre-échange relève de "la démagogie pure". Elle dénonce l'attitude des "oppositions" qui "sont dans des postures", en pleine crise agricole en France et à l'approche des élections européennes. Cela "nous fragilise au niveau européen".
Comme Emmanuel Macron, elle juge que "cet accord est bon pour nos agriculteurs français". Selon elle, "c'était et ça reste un bon accord pour nos filières". Son rejet pour de bon serait "dévastateur pour nos agriculteurs français."
Guerre à Gaza : "il faut être beaucoup plus ferme avec Benyamin Netanyahou"
"Il faut être beaucoup plus ferme avec Benyamin Nétanyahou" , estime Valérie Hayer. Si elle rappelle son soutien aux israéliens suite aux attaques du 7 octobre, elle reconnait qu'"Il faut exiger du président israélien d'acheminer l'aide alimentaire. Car ce qu'il se passe à Gaza est innommable. Il faudra une enquête internationale pour condamner si c'est condamnable."
En revanche, la tête de liste rejette l'idée de sanctions financières contre Israël : "On parle de sanctionner la politique de Nétanyahou, pas de sanctionner le peuple israélien. Et c'est ce à quoi mèneraient ce type de sanctions"
Quant à la question de l'envoi d'armes à Israël "il faut en discuter tous ensemble entre Européens. On manque d'une voie unie sur ce sujet-là", reconnaît-elle, "ça nous renforcera, et c'est important dans la prochaine mandature que l'on puisse clarifier cette position. La position [pro israélienne] d'Ursula von der Leyen au début du conflit a été une erreur,"conclut-elle.
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