Les "100 jours" d'Elisabeth Borne, dette, impôts, Européennes... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Eric Coquerel
Le député La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis et président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale était l'invité du 8h30 franceinfo, jeudi 27 avril 2023. 100 jours d'Élisabeth Borne, dette, impôts, Européennes... Il répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.
Feuille de route d'Elisabeth Borne : "Il y a beaucoup d'annonces recyclées"
"Il y a beaucoup d'annonces recyclées". Le discours d'Élisabeth Borne "sent plutôt la communication, la propagande", a réagi Eric Coquerel après que la Première ministre a présenté sa feuille de route. Le député LFI n'a pas été convaincu. "On voit bien que tout ça vise à dire que la réforme des retraites, c’est derrière", "les Français peuvent continuer à manifester, à protester", cela ne changera rien. Élisabeth Borne "est bien gentille", mais "elle décide de passer à autre chose seule. Monsieur Macron décide de passer à autre chose seul, sauf que les Français, dans leur très grande majorité, ne supportent pas le fait de devoir travailler deux ans de plus".
Le combat continue "jusqu’à ce que cette réforme ne soit pas appliquée. Début juin, La France insoumise votera "une niche parlementaire du groupe Liot d'abrogation de la réforme". Eric Coquerel pense "qu'il y a une chance que cette proposition de loi passe".
Actions de la CGT énergie : Eric Coquerel "soutient les syndicats dans leur démarche"
La CGT Énergie menace de couper le courant lors de grands événements, comme le Festival de Cannes, Roland-Garros… "Ce n’est pas à moi de juger ce que décide un syndicat, mais ça ne me scandalise pas. C’est symbolique, c’est par rapport à des événements qui ne sont pas vitaux", a déclaré Eric Coquerel.
"De manière symbolique, que le courant soit coupé à tel ou tel endroit pour rappeler que sans les travailleurs, il n'y a pas d'électricité et qu'il serait bien de continuer à faire en sorte qu'ils aient des retraites et puissent partir au travail en bonne santé, ça ne me scandalise pas. Je soutiens les syndicats dans leur démarche."
Dette sous les 3% de déficit : "La dette Covid, on pourrait très bien décider de l'annuler"
Le gouvernement s'est engagé à faire passer la dette sous les 3% de déficit d'ici la fin du quinquennat. Il estime que 3 000 milliards d'euros de dette, ça suffit, on ne peut pas vivre comme ça. "Il part sur une logique qui devrait être inversée", a estimé Eric Coquerel.
Il part du principe "qu'il faut réduire la dette et adapter les budgets après. Je pense qu'il faudrait faire l'inverse. Il faudrait partir des besoins. La dette qui me fait le plus peur pour nos enfants ce n'est pas la dette financière. La dette Covid, on pourrait très bien décider de l'annuler". Cela représente "20% de notre dette, soit 600 milliards". La dette Covid est "beaucoup moins importante que la dette écologique, qui n'est pas annulable".
Eric Coquerel a rappelé qu'une dette financière peut être maniée. "On peut décider de l'étaler dans le temps, de l'annuler, de faire un moratoire, de ne jamais rembourser le stock. On a tellement de personnes qui veulent prêter aux Etats que la dette se renouvelle sans arrêt." Eric Coquerel a interrogé la nécessité de "revenir à 2,7% de déficit en 2027" et sur ce qu'il fallait faire en termes d'impôts.
"Si on continue à baisser les impôts et à appauvrir l’Etat, à un moment donné, ce sont les Français qui en pâtiront"
"Dans ce quinquennat, nous baisserons à nouveau les impôts qui pèsent sur les classes moyennes", a déclaré mercredi Gabriel Attal, le ministre de l'Action et des Comptes publics, lors d'une audition devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale. "Si on continue à baisser les impôts et à appauvrir l’Etat, à un moment donné, ce sont les Français qui en pâtiront", a réagi Eric Coquerel.
Les modalités de ces baisses ne sont pas encore fixées pour le moment. "Cela ne peut pas passer par des réformettes. Il y a une refonte générale de l'impôt" à faire. La France insoumise est pour "revenir à 14 tranches. Cela pourrait aller jusqu’à 100% au-delà de 400 000 euros par an. Cela avantagerait tous ceux qui gagnent en dessous de 4 000 euros net par mois. C’est plus de 90% des Français". Eric Coquerel a estimé qu'une "refonte globale" permettrait "que l’impôt devienne redistributif et rapporte plus à l’Etat".
Les personnes qui ne paient pas d'impôt aujourd'hui "de manière symbolique pourraient payer un peu d'impôt. Mais on ferait en sorte que les impôts les plus injustes, comme la TVA, pèsent moins dans la globalité de l'impôt dans ce pays".
Européennes : "La Nupes, c'est ce qui peut nous permettre de gagner dans les années à venir"
"Il faut faire en sorte qu'aux Européennes, on soit ensemble, ce serait meilleur pour les élections à venir", a expliqué Eric Coquerel. "On est dans un moment où on a un gouvernement minoritaire dans notre pays, à l'Assemblée nationale, qui essaie de construire son opposition dans l'extrême droite. Si la Nupes veut pouvoir jouer un rôle, devenir majoritaire et gouverner ce pays dans l'avenir, ça passe par le fait des faire des démonstrations de notre unité et permettre, pourquoi pas, qu'on soit en tête à la fin des Européennes."
Yannick Jadot estime que ça ne sert à rien de faire une liste commune aux Européennes puisque c'est un scrutin à la proportionnelle. "Je connais sa position, mais on verra bien ce que décide Europe-Ecologie. On voit bien qu'il commence à y avoir des ouvertures."
Eric Coquerel pointe du doigt le fait que ce qui les unit, "c'est qu'on dit que l'Europe telle qu'elle se construit aujourd'hui, ça ne va pas. On est tous d'accord pour dire qu'il faut construire un projet européen. On est bien pour rompre avec l'Europe telle qu'elle est aujourd'hui".
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du jeudi 27 avril 2023 :
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