Mégabassine de Sainte-Soline, souveraineté agricole, inflation, titres de séjour "métier en tension"... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Christiane Lambert
La présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) était l'invitée du "8h30 franceinfo", mercredi 2 novembre 2022.
Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), était l'invitée du 8h30 franceinfo, mercredi 2 novembre 2022. Mégabassine de Sainte-Soline, souveraineté agricole, inflation titres de séjour "métier en tension"... Elle répondait aux questions de Lorrain Sénéchal et Neila Latrous.
Inflation des prix à la consommation en 2023 : "8, 10, 12, 15% selon les produits"
Dans les rayons d'alimentation des supermarchés, tout va augmenter pour le consommateur l’année prochaine. Invitée de franceinfo mercredi 2 novembre, Christiane Lambert promet une hausse globale des prix : "8, 10, 12, 15% selon les produits" et "c’est nécessaire", selon la présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
"Tout ce qui est utile pour produire l'alimentation a augmenté. Les engrais +135%, l'énergie +50, l'électricité de l'année 2023 seront aux alentours de +400, voire 500%. Tout explose", ajoute Christiane Lambert. La représentante du plus puissant syndicat agricole français rappelle que les prix de certains produits ont déjà augmenté : "18% supplémentaires pour les pâtes, le riz". Cette inflation ne semble pas pouvoir être contrée, "l’énergie ne va pas baisser, les engrais sont rares, les carburants sont chers également".
On est dans un contexte que l'on n'a jamais connu, avec une explosion de tous les coûts.
Christiane Lambertsur franceinfo
À propos de l'énergie, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à pratiquer l'agrivoltaïsme, c'est-à-dire l'utilisation de panneaux photovoltaïques sur les terrains agricoles. "Aujourd'hui, 15% des agriculteurs produisent de l'énergie : mécanisation, photovoltaïque…", résume Christiane Lambert.
Concernant le photovoltaïque, il faut réglementer, affirme la FNSEA. "Le photovoltaïque au sol, ça, nous ne sommes pas favorables à ce que ça consomme des espaces. Mais l'agrivoltaïsme, ça, nous y sommes favorables". Christiane Lambert prend l'exemple de vignes protégées des coups de chaud par des panneaux photovoltaïques, et permettant un complément de revenu à l'agriculteur, qui revend sa production d'électricité à EDF. "Il faut encadrer. Il faut poser des règles, sinon ça partirait dans tous les sens. Mais il faut produire plus d'énergie en France par tous les moyens."
Sainte-Soline : "Je n'ai pas envie qu'on vive la même chose que le nucléaire"
Une nouvelle journée de bras de fer s'annonce à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), entre opposants au projet de mégabassine et les salariés du chantier qui pourrait reprendre ce mercredi 2 novembre. Christiane Lambert ne comprend pas cette contestation qu'elle juge violente, alors que "le chantier a été autorisé, les études ont été faites. Même des associations environnementales locales, pas nationales, ont été parties prenantes". La présidente de la FNSEA se refuse à voir "la France agricole être bloquée par des contestataires alors qu'il y a eu le débat. Il y a eu la concertation pendant 10 ans".
Si la France plie face à ceux qui ne sont pas d'accord avec le projet, comme "les black blocs, les élus européens et nationaux, ceux qui cassent dans la rue à coup de boules de pétanque", si le pays cède face à la "diabolisation", alors "l'agriculture est prise en otage", clame Christiane Lambert. "Je n'ai pas envie qu'on vive la même chose que le nucléaire. Il y a 30 ans, les écologistes ont pris le nucléaire comme objet de contestation", affirme la syndicaliste agricole française. "Ils ont poussé les politiques à arrêter le nucléaire. Résultat, on a arrêté de recruter. On ne peut plus entretenir les centrales au moment où Vladimir Poutine prend l’arme énergétique."
Projet de loi immigration : les travailleurs étrangers en agriculture sont "nécessaires"
Le gouvernement veut créer un titre de séjour pour les "métiers en tension", ont annoncé le ministre de Travail Olivier Dussopt et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans le journal Le Monde, mercredi 2 novembre. C'est-à-dire que le texte prévoit de mettre fin, sous conditions, au délai de carence qui empêche les demandeurs d'asile de travailler pendant leurs six premiers mois en France.
Christiane Lambert n'est pas contre. Elle réclame même que l'agriculture soit placée dans la liste des "métiers en tension". Car les travailleurs étrangers saisonniers représentent "30%" des effectifs dans les champs. "C’est considérable et nécessaire", affirme la représentante de la FNSEA et éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire. "Ce sont des équipes organisées. Ils sont opérationnels dès qu'ils arrivent dans nos exploitations de fruits du Gard, du Lot-et-Garonne, des Bouches-du-Rhône, qui sont des très grands secteurs."
Des fruits n'ont pas été récoltés cette année faute de main d'œuvre.
Christiane Lambertsur franceinfo
L'agriculture française a, selon la FNSEA, 70 000 postes non pourvus et elle produit de moins en moins, fait remarquer Christiane Lambert. Elle observe que "la France a régressé sur l’échiquier agricole. Le premier producteur européen agricole importe de plus en plus. C'est un comble, parce qu’on a des boulets aux pieds, dans un certain nombre de domaines". À savoir le chômage, dont la réforme est "nécessaire" pour Christiane Lambert.
Le projet de loi annoncé par Olivier Dussopt et Gérald Darmanin est prévu au premier semestre 2023. Il vise aussi à faciliter le processus des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Le texte envisage également de ficher les étrangers visés par une OQTF, en les inscrivant au fichier des personnes recherchées (FPR).
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du mercredi 2 novembre :
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