Mort de Hassan Nasrallah : "L'Iran ne va pas aller plus loin" que quelques "déclarations incendiaires", selon l'expert Jean-Paul Chagnollaud

Le président de l'iReMMO, Institut d'études et de recherche Méditerranée Moyen-Orient, était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 29 septembre 2024.
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Jean-Paul Chagnollaud, président de l'iReMMO, était l'invité de franceinfo, dimanche 29 septembre 2024 (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Jean-Paul Chagnollaud, président de l'iReMMO et co-auteur de L'Atlas du Moyen-Orient : aux racines de la violence, était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 29 septembre 2024. Avenir du Hezbollah, stratégie d'Israël... Il répondait aux questions de Bérengère Bonte et Hadrien Bect. 

"Je ne vois pas l'Iran s'engager" dans un conflit direct avec Israël

Pour le régime iranien, "se lancer dans une guerre aujourd'hui, c'est à la fois alourdir les problèmes qui sont ceux de l'Iran et c'est mettre en danger le régime lui-même", juge Jean-Paul Chagnollaud, après la mort au Liban de Hassan Nasrallah, chef du mouvement pro-iranien du Hezbollah, dans des bombardements israéliens.

"Il faut bien comprendre que ce régime, aussi détestable soit-il, en particulier par rapport aux femmes et à beaucoup d'aspects très autoritaires, est aux prises avec des questions économiques et sociales majeures", a expliqué le spécialiste du Moyen-Orient. "Pour toutes ces raisons, je ne vois pas l'Iran en train de s'engager" dans un conflit direct avec Israël, a avancé Jean-Paul Chagnollaud.

Dans la foulée de l'annonce de la mort du leader du Hezbollah, l'Iran a demandé samedi une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Si le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, a "averti" que l'assassinat d'Hassan Nasrallah entraînerait la "destruction" d'Israël, ce sont avant tout des "déclarations incendiaires mais dans la réalité, l'Iran ne va pas aller plus loin", estime le président de l'iReMMO. Il ajoute que le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est "parfaitement lucide de ce qu'il se passe en Iran et la décision iranienne de ne pas s'engager plus qu'il ne le faut, sur un plan essentiellement diplomatique."

"Benyamin Nétanyahou a la conviction et la certitude que les Occidentaux ne feront rien pour l’empêcher d’agir"

Le 5 novembre prochain aura lieu l'élection du nouveau président américain. Une période propice à Benyamin Nétanyahou, car aucun des candidats américains n'ose ouvertement critiquer les frappes israéliennes de peur que "l'électorat pourrait sanctionner ce genre de déplacement." Pour Jean-Paul Chagnollaud, le Premier ministre israélien "sait qu’il a les mains libres" et il "a la conviction et la certitude que les Occidentaux ne feront rien pour l’empêcher d’agir comme il le souhaite."

Le spécialiste du Moyen-Orient souligne "l'intelligence politique redoutable" de Nétanyahou. "Il n'y a que les Français qui disent qu'il faut un cessez-le-feu et ne pas engager une offensive terrestre. Il le sait et il en joue." Jean-Paul Chagnollaud en est certain, "c'est imminent, c'est clair que cette offensive va se faire."

"L'Iran n'a pas choisi ces engagements et ces affrontements"

Selon l'universitaire, la guerre entre Israël et le Hezbollah "n'est pas celle de l'Iran". "Le 7 octobre n'est pas lié à l'Iran", a-t-il jugé. Le mouvement chiite pro-iranien a ouvert un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque meurtrière du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 mais "l'Iran n'a pas choisi ces engagements et ces affrontements". "Il y a depuis plusieurs années des inflexions et en particulier depuis quelques mois", a-t-il précisé.

D'autant que "depuis l'arrivée d'un nouveau président qui est Masoud Pezeshkian, les orientations stratégiques ont quand même évolué", a abondé Jean-Paul Chagnollaud. "La preuve en est, dans son gouvernement, il y a un ministre des Affaires étrangères qui a immédiatement pris langue avec les Américains pour revenir sur la question du nucléaire, ce qui est absolument essentiel", a-t-il ajouté.

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