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Les coups de coeur de nos libraires

Retour sur l'année 2011 avec quelques livres qui n'ont pas eu le succès escompté ou les livres qui ont marqué. Avec Gérard Collard de "La griffe noire" à St-Maur et Stanislas Rigot de la librairie "Lamartine".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les autos tamponneuses de Stéphane Hoffmann. Albin Michel " Pour nous, le mariage a toujours ressemblé à un tour d'autos tamponneuses : c'est inconfortable, on prend des coups, on en donne, on tourne en rond, on ne va nulle part mais, au moins, on n'est pas seul.
" Lorsque Pierre veut prendre sa retraite pour passer le reste de sa vie auprès de sa femme dans leur belle maison du golfe du Morbihan, Hélène ne l'accepte pas. Elle ne tient pas à découvrir un vieux mari en l'homme qu'elle aime depuis toujours. Une nouvelle vie commence. Tout est à réinventer. Après Château Bougon, Stéphane Hoffmann, poursuit avec brio la plus pessimiste et la plus gaie des oeuvres romanesques, en observateur toujours inattendu, féroce et bienveillant, de nos moeurs contemporaines.

Les privilèges de Jonathan Dee. Plon Adam et Cynthia ont tout pour eux.
Mariés à la sortie de la fac, ils forment un couple parfait auquel rien ne résiste. Deux magnifiques enfants et une brillante carrière dans la finance plus tard, leur beauté, leur provocante jeunesse et leur insolente réussite sont toujours inaltérées. Le monde autour n'existe pas, ou bien par le frisson du danger qu'il procure, mais leur noyau demeure, irréductible et indestructible, telle une forteresse dorée.
Au coeur de cette famille, le roman dépeint son paradoxe : une intimité de papier glacé, des êtres humains prisonniers de la machine à succès qu'ils ont créée, et les effets décadents de leurs irrésistibles appétits. Portrait d'une famille américaine étourdie de désir, d'argent et de beauté, Les Privilèges, bûcher des vanités du 21e siècle, brosse le tableau remarquablement subtil et cynique d'une nouvelle classe sociale, les ultra-riches, et pose sur l'Amérique post-11 Septembre un regard qui interroge, observe et fait saillir l'absurde, le vice ou la déshérence de personnages en fuite.

Tout autour des Halles quand finissait la nuit de Gérard Landrot. L'Editeur Mimine, une jeune femme drôle et gouailleuse, quitte la maison close dans laquelle elle a été placée pour devenir concierge au 62 rue Montorgueil à Paris.
De sa loge, l'héroïne qui n'a pas la langue dans sa poche, dépeint son quotidien et celui des habitants de son immeuble durant la drôle de guerre et l'Occupation. Elle raconte aussi et surtout sa vie chahutée : de coups de chance en manipulations amoureuses, de son aventure avec un résistant aux petits actes de collaboration qu'elle commet, Mimine finira par grossir les rangs du cortège des femmes tondues à la libération.

Les foudroyés de Paul Harding. Le Cherche-Midi Un vieil homme meurt.
Allongé sur un lit d'hôpital installé au centre de son salon, entouré de sa famille, épouse, soeur, enfants et petits-enfants qui se relaient pour le nourrir, le laver, lui faire la lecture, George, un ancien horloger, sent le temps se déliter et le monde lui échapper. Dans le chaos de cette agonie, se précipitent les souvenirs. Notamment ceux de son père, Howard, représentant de commerce dans un coin rural et sauvage de la Nouvelle-Angleterre, qui parcourait la lande avec une charrette remplie d'articles divers, clous, savon, tabac, vaisselle, etc.
Amoureux de la nature, Howard s'égarait parfois et, oubliant sa tournée, pouvait s'arrêter des heures au bord d'un ruisseau, dans un champ, dans les bois… et s'y dissimuler le temps que cessent les terribles crises d'épilepsie qui le terrassaient et qui étaient le secret honteux de la famille. Les Foudroyés est un roman tout en vibrations, un éloge de la contemplation active. Harding y décortique le monde pour nous en montrer tous les rouages, le monde naturel, le monde des horloges, plusieurs générations d'une même famille, un cerveau épileptique, l'âme des hommes.
Sa langue étonnante semble parfois frappée par la foudre, parfois aussi subtile que le mécanisme d'une horloge. Le lecteur y fait l'expérience généreuse de l'émerveillement.

La... sottise ? - (Vingt-huit siècles qu'on en parle) de Lucien Jerphagnon. Albin Michel " La sottise : on en respire la présence partout et toujours dans l'air du temps.
Une présence atmosphérique, en quelque sorte. Aristote la suppose contemporaine de la préhistoire, tandis que saint Augustin y voit une conséquence du péché d'Adam. Ce florilège présente les fruits d'une cueillette au long de vingt-huit siècles, chez les auteurs les plus divers, des Hébreux des âges bibliques aux journalistes de nos Républiques. A chacun de s'en faire une idée... " Lucien Jerphagnon 

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