Devoir de mémoire
Comment ne pas sourire en
voyant des personnalités d'extrême droite qui voulaient sa mort pendant la
décolonisation algérienne et même socialistes qui dénonçaient en lui "le
coup d'état permanent" faire le voyage de Colombey-les-Deux-Eglises pour
rendre hommage au général De Gaulle ?
Comment ne pas trouver lourdingues et simplistes les efforts
déployés par le pouvoir pour nous faire croire que la sortie de la crise
économique procède des mêmes principes que la victoire de la guerre de
14 ? Comment ne pas comprendre qu'il est plus commode de parler des poilus
que des bonnets rouges ?
Le seul point ou l'on rejoindra volontiers M Hollande, c'est
dans sa volonté de rendre aussi hommage aux résistants de l'autre guerre, celle
de quarante qui ont sauvé l'honneur d'une France partagée à parts non égales
entre la trahison et l'héroïsme.
Alors qu'il me soit permis de penser très personnellement à
une vieille dame de 96 ans qui mène un rude combat dans l'anonymat le plus
complet. Elle s'appelle Geneviève Rocheteau. Résistante de la première heure,
elle rejoint De Gaulle à Londres en 42 à l'âge de 25 ans. Nommée lieutenant des
FFL en 43, membre de l'état major du général, condamnée à mort par Vichy, elle
devient après la guerre consul de France à Londres en charge du renseignement.
Victime voici quelques semaines d'un accident domestique
banal, Mme Rocheteau doit la vie à deux jeunes chirurgiens et anesthésistes peu
connus, le plus célèbres des orthopédistes français actuels ayant refusé de
l'opérer par crainte des risques. Ah la crainte des risques...que doit-elle en
penser, cette grande dame qui, aujourd'hui, dans sa chambre médicalisée
continue de faire ce qu'elle a toujours fait dans sa vie : résister ?
Bon courage, Mme Geneviève Rocheteau. Et merci.
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