Au fil de l'eau. L'érosion du littoral : une menace à court terme ?
L’eau grignote nos côtes de plus en plus vite.
L'érosion est-elle une menace à court terme pour le littoral ? "Au fil de l'eau", l'ancienne ministre de l'Environnement, Corine Lepage.
De plus en plus de communes sont confrontées à ce problème qui met en danger nos côtes, mais aussi des propriétés individuelles, des routes et des infrastructures publiques et privées. L'érosion est un phénomène naturel mais avec la multiplication des tempêtes et des vagues submersives qu'elles provoquent, le phénomène s'est accentué ces dernières années.
26 kilomètres carrés de côtes ont disparu en quelques années !
"On a perdu 26 kilomètres carrés de côtes en quelques années", explique l'ancienne ministre de l’Environnement. Toute la région du bassin d'Arcachon est concernée, notamment la zone du Pilat, mais aussi le secteur de Soulac-sur-Mer, en Gironde également. En 2014, l'affaire du "Signal" a défrayé la chronique dans cette commune d'un peu moins de 3 000 habitants. Plus de 70 propriétaires ont dû quitter leur logement car l'immeuble était construit sur une falaise qui menaçait de s’effondrer.
Dans les années 60, lorsque le bâtiment a été bâti, il se trouvait à 200 mètres du rivage, 30 ans plus tard il s'est retrouvé à 5 mètres du vide. "Beaucoup d'autres zones sont aujourd'hui concernées", ajoute Corine Lepage. Le problème c'est qu'aucune loi ne permet aux communes d'envisager et de financer d'éventuels retraits de construction. Certaines municipalités du bassin d'Arcachon ont essayé d'entamer des procédures mais la mission s'est avérée impossible vu qu'il n'y a pas de cadre législatif.
Corine Lepage estime qu'il faut revoir la loi littoral et élargir la bande des 100 mètres qui semble insuffisante aujourd'hui avec le problème de l’érosion. Un phénomène d'autant plus inquiétant qu'il s'accélère avec le dérèglement climatique. La France est d'ailleurs un pays très concerné par la hausse des températures et par les phénomènes météos extrêmes que nous ne connaissions pas, il y encore peu de temps.
Et pourquoi pas la construction de digues géantes
"C'est une solution pour nous permettre de conserver ce qui existe", admet l'ancienne ministre écologiste."La priorité étant de protéger des vies, c'est l'essentiel !" .Il faut toutefois être de plus en plus exigeants dans les "zones rouges" et ne pas hésiter à détruire les habitations qui se trouvent dans les zones les plus vulnérables, insiste Corine Lepage qui fait référence au passage de la tempête Xinthia en 2010 à la Faute-sur-mer en Vendée (La tempête a fait 29 victimes dans cette commune).
Il faut aussi réfléchir sur l'urbanisme du futur avec des constructions à l'intérieur des terres et non plus en bordure de littoral. Il est acquis aujourd'hui que la mer va grignoter de plus en plus le territoire et que nous allons perdre des kilomètres carrés de côtes dans les prochaines années. On peut aussi s'inspirer des constructions sur pilotis que l'on voit fréquemment aux Pays-Bas. Un pays situé en-dessous du niveau de la mer et qui compose depuis toujours avec les phénomènes d’érosion.
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