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Athéisme, amour et postérité

Avec "Le Sculpteur", l’américain Scott McCloud revisite le mythe de Faust et signe un roman graphique ambitieux.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (© Scott McCloud, Rue de Sèvres)

Le grand public ne connaît pas Scott McCloud. Pourtant, c’est une tournée de star qui vient de le mener de Chicago à Los Angeles, puis à Cambridge, Berlin, Bruxelles, avant les Pays-Bas bientôt, enfin en Italie et en Espagne. Cette semaine, Scott McCloud était en France. Il a marqué de sa présence le Salon du Livre de Paris avant de se rendre au Mans et à Lyon. Cet Américain est sorti de l’anonymat en publiant en 1993 l’Art invisible . Soit, l’ouvrage théorique le plus surprenant jamais réalisé sur la bande dessinée. Le coup de génie de McCloud est d’avoir eu l’idée de parler de la BD en BD. De parler des images en images. De l’art de la planche en les dessinant. Une révélation qui a fait de lui un maître. Multipliant les conférences, donnant des cours ici et là, pendant des années. Jusqu’à l’inévitable question : celui qui parle si bien de bande dessinée, qui en a décortiqué tous les codes, révélé les secrets de fabrication, est-il capable de faire une BD majeure ?

Faudrait-il pour y arriver qu’il passe un pacte avec le diable comme le fait le personnage qu’il met en scène dans Le Sculpteur , le roman graphique de près de 500 pages qui lui vaut cette tournée américaine et européenne digne des plus grands artistes ?

Diagnostic : Le style graphique en est classique, lisse, américain et assumé. "Le sculpteur" parle de la création, de l’amour, du sens de la vie, et de l’impérieuse nécessité qu’il y aurait (ou pas) à se faire un nom avant de mourir.

"D'une manière ou d'une autre, j’ai la chance d’être en paix avec ça. Nous allons tous mourir. Nous serons tous oubliés. Et ça ne me remplit pas d’effroi. Il faut l’accepter. Et vivre de manière constructive avec cette idée. Cette histoire ne propose pas d’espoir à la grande majorité des artistes qui seront oubliés ; elle leur offre de l’amour. Et un sentiment d’appartenance. J’ai beaucoup d’affection pour tous les artistes. Pas seulement pour ceux, très rares, dont le nom survivra. Je les vois tous comme une partie de ma famille."

 

Scott McCloud ajoute qu’il est athée, bien qu’américain

Qu’il est heureux de vivre, même s’il n’a personne à remercier pour cela. Que les images comptent beaucoup pour lui dont le père était aveugle et dont la fille l’est aussi. Et qu’il espère avoir écrit avec cette relecture du mythe de Faust une fable universelle.

"Le Sculpteur " aux éditions Rue de Sèvres.

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