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En chasse avec Simon Hureau

Simon Hureau signe deux albums à la fois: "Le Massacre" (seul) et "Crêve Saucisse" (avec Rabaté). Et nous donne l'occasion de nous arrêter sur le travail d'un dessinateur de bande dessinée précieux.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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On entre dans les bandes
dessinées de Simon Hureau comme dans un cabinet de curiosités
. Minutieux,
dense, tout en circonvolutions, son dessin est une invitation permanente à la
recherche du détail caché. C'est encore plus vrai dans Le Massacre .
Il faut dire que le décor s'y prête. On passe d'une salle des ventes surchargée
à l'intérieur cossu d'un collectionneur obsessionnel pour mieux dérouler en
couleur sépia, dans la jungle cambodgienne des années 1950, la bobine des
souvenirs coloniaux.

A la fois élégant et
tortueux
, aussi riche en rebondissements que chaque case foisonne d'objets
singuliers, le scénario, (dont nous ne dirons rien pour ne pas gâcher la
formidable surprise du récit), tourne donc autour d'un massacre. Les chasseurs
le savent : un massacre, c'est le trophée formé de la tête et des bois
d'un cervidé ou des cornes d'un bovidé, montés de façon à l'accrocher de
manière imposante au mur de son salon. En l'occurrence, il
s'agit des cornes d'un grand bœuf gris, un Kouprey, espèce endémique de la région
du Mékong qui n'existe peut-être plus à l'état sauvage.

Mais un massacre, c'est
aussi une tuerie, une hécatombe, un génocide. Simon Hureau ne l'oublie pas, qui
inscrit dans la grande histoire du XXeme siècle sa captivante petite histoire
en bande dessinée.

Le Massacre est édité à la Boite à Bulles.

Pour cosigner Crêve
saucisse
, le même Simon Hureau a prêté son dessin à Pascal Rabaté,
l'auteur
des Petits ruisseaux, qui ces dernières années a déserté la BD  pour réaliser deux films remarqués. Dans Crêve
saucisse
, il est encore question de cornes. Celles que portent un boucher à
la femme infidèle. Un boucher au demeurant grand lecteur de BD. Et la morale de
cette farce tragi-comique est sans doute qu'on ne se méfie jamais assez des
bédéphiles amoureux.

Crêve saucisse de Simon Hureau et Pascal Rabaté aux Editions
Futuropolis.

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la
chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de
franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia
vous
livre sa sélection et ses coups de cœur.

Bye
bye, my brother
de Yoshihiro Yanagawa chez Sakka

Nidô, boxeur prodigue, voit sa carrière s'arrêter net
lorsqu'il reçoit un coup de couteau dans la jambe. Hanté par la mort de son
jeune frère, solitaire, Nidô ne vit pas vraiment jusqu'à sa rencontre avec le
jeune boxeur, Jirô. Il entraînera le futur champion et en prendra soin, mais le
Dieu de la mort les guette et les mettra à l'épreuve à mesure que le match
décisif de Jirô approchera.

Ce manga, où les personnages sont tous des chats, est tout
en émotion et en finesse. Yoshihiro Yanagawa a employé un style de dessin qu'il
n'avait jamais utilisé et dont le trait et l'emploi de feutres à alcool retranscrivent
les sentiments et donnent une côté très humain à ce récit. Ce one-shot a été
récompensé au Japon par le 12e prix Ikki Manga, organisé par le magazine seinen
Ikki (dans la catégorie des volumes reliés).

The
Sherlock Holmes Story 1 et 2
de Kyo-Jeong Kwon chez Kwari

L'histoire du célèbre détective privé anglais de Sir Conan
Doyle revisitée par l'auteure commence par sa rencontre avec Watson, son
meilleur ami et assistant. Mais l'auteure décrit leur relation en supposant
qu'ils étaient peut-être plus que de simples amis : peut-être qu'ils étaient
amants ! Ce premier épisode concerne un riche anglais dont la femme disparaît subitement
juste après leur mariage.

Ce manwha (manga coréen) est une bonne adaptation de
Sherlock Holmes servie par des dessins fins et un peu d'humour. Les intrigues
ne sont pas très compliquées, mais Kyo-Jeong Kwon prend le temps de les mettre
en place. Dans les pages bonus de fin, l'auteure en dit plus sur son adaptation
(prénom du docteur, design des personnages, architecture de l'époque...).

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