Le Blues de Mezzo et Dupont
Quelle est la couleur du blues ? Noire, évidemment, comme la galette de gomme laquée d’un 78 tours. Pour les amateurs du genre, les quelques disques gravés par Robert Johnson dans les années 1930 relèvent du saint Graal.
Noire et torturée. Lui était fataliste, comme cette Amérique maudite qui, dans la société ségrégationniste du sud des Etats-Unis au début du XXe siècle, vivait du mauvais côté de la voie ferrée, noyait sa détresse dans l’alcool et s’abimait dans le sexe, sur trois accords et un rythme ternaire syncopé. Robert Johnson est mort à 27 ans. Sans que l’on sache grand-chose de sa vie. Le scénariste Jean-Michel Dupont et le dessinateur Mezzo ont pourtant réussi à faire de ce passage éclair sur terre une fresque graphique expressionniste, encrée noir sur blanc.
Et proposent des images qui collent aux personnages. Le dessin de Mezzo est à la fois extrêmement construit et chargé jusqu’au bord du cadre, baroque et débordant de vie. Même s’il y plane constamment l’ombre inquiétante du narrateur dont il faudra deviner le nom.
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