À La Nouvelle-Orléans, l'Intelligence artificielle permet d'avoir des conversations virtuelles avec des témoins de la Seconde Guerre mondiale

Ce projet du musée de la Seconde Guerre mondiale de La Nouvelle-Orléans a demandé quatre ans de travail. Contrairement a d'autres initiatives, il ne s'agit pas de réponses préenregistrées à une question programmée.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Au premier étage du pavillon Campagnes du courage du musée, la route de la famille Duchossois vers Berlin plonge les visiteurs dans l'histoire américaine de la guerre en Europe, en Afrique et en Méditerranée. (NATIONAL WWII MUSEUM NEW ORLEANS)

Le musée de la Seconde Guerre mondiale propose, depuis le mercredi 20 mars, à la Nouvelle-Orléans, l’exposition "Voix du front" avec une technologie qu’on retrouvera peut-être dans d’autres musées. L’intelligence artificielle permet d’échanger avec d’anciens combattants et des témoins de la guerre de 39-45. 
 
Le visiteur s’assoit face à un écran, choisit à qui il veut parler et la personne apparaît à taille réelle sur l’écran, confortablement assis devant un fond noir. Le visiteur pose les questions qu’il souhaite et la personne à l’écran répond après une légère pause, le temps que l’intelligence artificielle, analyse la question et construise une réponse la plus adaptée possible, à partir de sa base de données. Le projet a demandé quatre ans de travail. Il a fallu poser et enregistrer parfois jusqu’à 1 000 questions à un groupe de 18 survivants de la Seconde Guerre mondiale. Des anciens combattants mais aussi des Américains qui vivaient le conflit depuis les États-Unis. Au fur et à mesure, l’exposition va en quelque sorte s’améliorer parce que comme toujours avec l’intelligence artificielle, l’accumulation de contenus la fait progresser, ce qui veut dire qu’avec le temps, les réponses seront de mieux en mieux adaptées aux questions posées. 


 
C’est une bonne façon de faire vivre les souvenirs d’une guerre dont les témoins sont de moins en moins nombreux. Depuis son ouverture, le musée de la Seconde Guerre mondiale ouvre ses portes aux anciens combattants volontaires pour raconter leur expérience aux visiteurs mais évidemment, ils vieillissent. Le Covid a malheureusement touché durement cette génération, souligne le musée à l’agence Associated Press. Les interviews interactives ne sont pas nouvelles dans les musées, qu'ils soient américains ou pas mais il s’agit en général de réponses enregistrées à une question programmée. Là, le visiteur formule la question à sa façon et l’intelligence artificielle la comprend. 
 

Le récit de différents acteurs du conflit


Sans faire un inventaire à la Prévert de tous les 18 participants au projet, on retrouve, par exemple,Olin Pickens, 102 ans aujourd’hui, ancien prisonnier de guerre après sa capture en Tunisie en 1943. Ou encore Theodore Britton, l’un des premières recrues noires du corps des Marines et nommé ambassadeur après la guerre. Hershel Williams, lui, a combattu à Iwo Jima au Japon et a enregistré ses réponses en portant sa médaille d’honneur, la plus haute récompense pour un militaire américain. Il est décédé en juin 2022 après avoir enregistré ses réponses.  Comme il n’est pas uniquement question des soldats sur le front, on peut aussi écouter l’histoire de Grace Brown, qui fabriquait des pièces détachées pour le bombardier B-17 de Boeing, ou de Margaret Kerry, danseuse dans des événements organisés par l’armée pour divertir les troupes avant de servir de modèle pour la fée clochette du Peter Pan de Walt Disney.

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