Cet article date de plus d'un an.

Au Japon, un député tente de "pièger" le Premier ministre avec une question élaboré par ChatGPT

Ce député de l'opposition voulait ainsi vérifier les compétences et la sincérité des propos du chef du gouvernement, à la Chambre des représentants.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le 27 mars 2023. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

Notre pays serait-il mieux gouverné s’il n’était pas géré par des humains... mais par de l’intelligence artificielle ? C’est la question que se posent des députés japonais. Ils ont profité, d’une séance de questions au gouvernement pour tester leur Premier ministre et comparer ses réponses à celles de ChatGPT.   

Si le débat se pose à travers le monde, que ce soit sur la réforme des retraites, la gestion de la pandémie de Covid ou alors la crise des finances publiques, au Japon, un député s'est demandé si l’intelligence artificielle ne pourrait pas générer parfois des solutions plus efficaces que celles proposées par le gouvernement. La machine, qui est en théorie moins politisée, pourrait peut-être suggérer des idées plus acceptables par une majorité de l’opinion publique.

>> "ChatGPT devient un allié" : ces enseignants apprivoisent l'intelligence artificielle pour améliorer leurs cours et aider leurs élèves

Le député de l’opposition Kazuma Nakatani a donc demandé à ChatGPT, le chatbot star de l’intelligence artificielle, de générer directement une question pertinente pour le Premier ministre, Fumio Kishida, leader du grand parti conservateur. Il a donné d'abord quelques pistes à l'IA : cette question devait porter sur la réaction des professionnels de santé à la création d’une nouvelle organisation au Japon pour répondre aux futures pandémies, comme celles du Covid. Il y a un débat en ce moment sur ce sujet dans le pays. Et ChatGPT a créé une question en une vingtaine de secondes.

Une réponse "plus précise et même plus sincère"

Sans savoir qui avait vraiment élaboré la question, le chef du gouvernement - qui avait reçu la question à l’avance - s’est levé pour lire la réponse que lui avait préparé ses conseillers. Une réponse somme toute vague, expliquant que le projet d’amendement actuel était adapté et que l’exécutif avait bien consulté les représentants des médecins avant de prendre sa décision... 

Et le pot-aux-roses a alors été dévoilé : le député de l’opposition a alors repris la parole pour expliquer ce qu’il avait fait et il a lu la réponse que ChatGPT avait lui-même rédigé. Le député a expliqué que la réponse de l’intelligence artificielle était d'ailleurs plus précise et même plus sincère que celle du Premier ministre. 

Dans les faits, on peut en débattre : dans les deux cas, les réponses étaient assez évasives. Le Premier ministre a même été un peu plus précis sur les organismes qui avaient été consultés pour rédiger l’amendement. Sur ce sujet, ChatGPT n’a donc pas vraiment fait une grande différence. Reste que le Premier ministre a plutôt bien pris le test et a ensuite suggéré à ses équipes, aux hauts-fonctionnaires, de peut-être utiliser ChatGPT à l’avenir pour tester les réponses du gouvernement aux questions des parlementaires.

Peut-être que l’intelligence artificielle pourrait parfois apporter un regard décalé sur certains enjeux ou grands débats de société.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.