Aux États-Unis, la cruauté envers les chiens policiers va coûter de plus en plus cher

Plusieurs États américains ont déjà, ou réfléchissent en tout cas, à aggraver la sévérité des peines des personnes coupables de violence envers ces animaux. C’est le cas, par exemple, du Kansas, au centre du pays.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un policier américain patrouille avec son chien à Washington (photo d'illustration). (OLIVIER DOULIERY / AFP)

Au Kansas, tuer un chien policier peut déjà vous coûter un an de prison et 5 000 dollars d’amende. Mais la chambre locale des représentants, à majorité républicaine, a voté à 107 voix contre 4 le renforcement de ces peines pour qu’elles grimpent jusqu’à 5 ans de prison, dès la première offense et 10 000 dollars d’amende, y compris si vous vous en prenez à un cheval de la police.

Le texte de loi doit encore être validé par le Sénat. Les législateurs l’appellent la loi "Bane", en référence à Bane, un chien du shérif de Wichita,  âgé de 8ans, étranglé en novembre par un suspect de violences conjugales. Dans le Missouri, la peine passerait de 4 à 7 ans de prison. La Caroline du Sud, la Virginie Occidentale ou Hawaï réfléchissent également à des peines renforcées. La Floride l’a déjà fait en 2019 en passant d’un maximum de 5 à 15 ans de prison.
 

Une approche qui dépasse les clivages partisans

À Hawaï, la Chambre et le Sénat sont majoritairement démocrates. Même chose au Colorado, où un projet de loi similaire est passé à la Chambre avec 52 voix pour et contre 12. Il y a déjà là-bas une peine de prison de six ans programmée par la législation mais en plus, s’ajouterait une amende de 2 000 dollars et le paiement de tous les frais liés à l’animal - les soins vétérinaires, les funérailles. Il est estimé que former un chien policier et s’en occuper peut coûter jusqu’à 18 000 dollars.

Il y a environ 50 000 chiens policiers à travers le pays et plus de 200 000 agents qui travaillent avec ces animaux. Signalons que ce genre d’incidents n’arrive pas quotidiennement. Au Colorado, il y aurait eu sept condamnations pour cruauté contre des animaux de la police ces trois dernières années. En comparaison, à Rochester, dans l’État de New York, les policiers auraient, eux, tué 22 chiens en opérations entre 2015 et 2022.

On a aussi entendu toutefois une forme d’opposition. Alors évidemment, personne ne dit qu’il faut faire du mal à un chien policier. Mais au Kansas, un élu républicain estime que ces discussions sont une perte de temps. Pour lui, ses collègues devraient d’abord travailler sur une loi interdisant l’avortement. 

"Protéger les bébés dans l’utérus devrait être une priorité plus importante que les chiens et les chevaux."

Un élu républicain du Kansas

à franceinfo


Mais surtout, des élus noirs ont rappelé qu’historiquement, la police a utilisé des chiens de façon disproportionnée contre les minorités, pendant les manifestations en faveur des droits civiques, par exemple. Il y a moins d’un an dans l’Ohio, un routier noir, pourtant à genoux et mains en l’air, a été attaqué. Il a dû être hospitalisé. Dans des cas comme celui-là, demandent des élus, peut-on vraiment reprocher à quelqu’un de se défendre s’il est attaqué par un animal ? Par ailleurs, les lois ne prévoient rien si un passant est mordu par erreur. Et si une victime parvient à aller jusqu’au procès, les chances de perdre sont grandes parce qu’en général, les jurés adorent les chiens policiers.

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