Corée du Sud : les deepfakes sont dans le viseur à l'approche des élections législatives

En Corée du Sud, comme ailleurs, un scutin est prévu en 2024, pour des législatives. Face à l'explosion de l'utilisation de l'IA dans les campagnes électorales, la commission qui encadre les élections vient d’intervenir pour mettre des limites à son utilisation.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
"AI Yoon", l'avatar numérique de l'actuel président Yoon Suk-yeol, avec l'équipe qui l'a mis au point, le 7 février 2022. Cet avatar a été utilisé dans la campagne pour le rendre "cool" auprès des jeunes. (JUNG YEON-JE / AFP)

Au cours de l’année 2024, plus de 4 milliards de personnes vont être amenées à voter. C’est un Terrien sur deux ! Il y a de grandes élections aux États-Unis, en Europe mais aussi beaucoup de scrutins nationaux en Asie. Pour leurs campagnes, les candidats sont très tentés d’utiliser l’intelligence artificielle, qui a fait d’énormes progrès.

En Corée du Sud, la commission électorale a été obligée d’édicter de nouvelles réglementations, cette semaine, pour empêcher l’explosion sur les réseaux sociaux de ce que l’on appelle les deepfakes. Ces fausses vidéos ou ces faux audios, créés avec l’aide de l’intelligence artificielle, sont de plus en plus utilisés pour faire passer des messages de façon trompeuse.

Réguler les deepfakes, qui visent surtout les jeunes

En rentrant dans le programme de vraies vidéos et le son de la voix d'une personnalité, celle-ci se retrouve à déclarer exactement ce qu'on veut avec une véracité troublante. Cela peut permettre de discréditer un opposant politique ou au contraire, de mettre en valeur un candidat.

En Corée du Sud, plusieurs élus ont déjà commencé à se servir de ces deepfakes dans la campagne pour les élections législatives du mois d’avril. Et lors de la présidentielle de 2022, l’actuel président conservateur, Yoon Suk-yeol, avait lui-même beaucoup utilisé son image déclinée dans de fausses vidéos pour séduire les jeunes sur les réseaux sociaux.

L'interdiction décidée cette semaine, par la commission électorale coréenne, vise donc l’utilisation de vidéos, d’images ou même de sons, créés par l’intelligence artificielle pour soutenir un candidat ou pour en dénigrer un autre.

Interdiction ou autorisation partielle selon les pays

La commission explique que ces créations brouillent trop le jeu démocratique. Elle n’interdit pas complètement les deepfakes. En effet, ces vidéos sont encore autorisées si elles servent simplement à faire état de manière neutre des activités d’un parti politique. 

Beaucoup d'autres pays s'inquiètent aussi et commencent à réguler ces deepfakes en politique. Un peu partout, les régulateurs se retrouvent obligés de réagir dans l’urgence. Depuis le début de l’année, 14 États aux Etats-Unis ont ainsi pris des mesures similaires à ce que fait la Corée du Sud. Là-bas, alors que les présidentielles auront lieu en novembre, soit les deepfakes sont complètement interdits dans la campagne présidentielle, soit ils obligent les équipes des candidats à expliquer sur leurs vidéos que ce sont des faux, créés avec de l’intelligence artificielle.

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