Présidentielle américaine : l'article à lire pour tout comprendre aux primaires républicaines et démocrates
Elles marquent le début d'une année électorale majeure aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, les primaires républicaines pour l'élection présidentielle débutent dans l'Iowa, lundi 15 janvier, avec l'organisation de caucus dans cet Etat du Midwest américain, si les conditions météorologiques le permettent. Vols annulés, routes enneigées, meetings de campagne reportés... Depuis vendredi, cet Etat du Midwest est balayé par une tempête hivernale et une vague de froid qualifiée de "dangereuse". Organisation, candidats en lice, moments-clés... Franceinfo vous explique tout.
En quoi consistent ces primaires ?
Ces élections organisées dans les cinquante Etats du pays visent à désigner le candidat ou la candidate des partis républicain et démocrate à l'élection présidentielle, le 5 novembre. Jusqu'au 4 juin, dans chaque Etat, les électeurs américains choisiront le candidat de leur choix pour représenter le parti démocrate ou républicain en novembre. Selon les résultats des votes, chaque candidat se verra attribuer un certain nombre de délégués. Les candidats, pour être investis par leur parti, devront obtenir une majorité de délégués.
Le système des primaires a sensiblement évolué au tournant des années 1970. Comme le rappelle Vox, en 1968, une poignée d'Etats organisaient des primaires et le parti démocrate avait désigné un candidat... qui n'avait gagné aucun de ces scrutins. Dans les années qui ont suivi, dans le camp démocrate comme républicain, "on a remis le pouvoir entre les mains des électeurs des primaires, ils ont leur mot à dire dans le choix des candidats", souligne l'historienne Ludivine Gilli, spécialiste des Etats-Unis. De plus en plus d'Etats ont organisé des primaires et caucus. Désormais, tous les Etats et territoires américains prennent part à ces scrutins pour désigner les candidats à la fonction suprême.
Comment sont-elles organisées ?
"Il y a vraiment un panaché" de règles d'un Etat à l'autre, souligne Ludivine Gilli. Chaque parti "fixe des lignes directrices, mais chaque Etat a ensuite toute latitude pour organiser le vote", note la directrice de l'Observatoire de l'Amérique du Nord à la Fondation Jean-Jaurès. Certains mettent en place des primaires ouvertes, lors desquelles des électeurs non-affiliés à leur parti peuvent voter. D'autres Etats préfèrent des primaires fermées – réservées aux Américains enregistrés comme des électeurs du parti – ou semi-ouvertes.
Dans d'autres Etats, des caucus plutôt que des primaires ont lieu. Des caucus républicains se tiendront donc dans l'Iowa, le Nevada, l'Idaho ou le Dakota du Nord. Chez les démocrates, des caucus sont prévus dans l'Idaho ou le Wyoming. "Le principe des caucus, c'est la délibération : il s'agit d'écouter le discours d'un représentant du parti ou d'un candidat, et de voter ensuite", précise Ludivine Gilli. Lundi dans l'Iowa, les caucus auront lieu dans des gymnases, des écoles... ou encore des églises.
Ces dernières années, "le parti démocrate a encouragé des Etats à avoir plutôt recours à des primaires, dans une volonté d'étendre l'accès" à ces scrutins, explique Caitlin Jewitt, professeure en sciences politiques à l'université Virginia Tech. Chaque Etat garde le choix de son mode de scrutin. "Certains Etats ont une longue tradition d'organisation de caucus. (...) Des Etats sont aussi passés d'un caucus à une primaire ou d'une primaire à un caucus", poursuit la spécialiste.
Quels seront les temps forts de la campagne ?
Les premiers votes dans ces primaires et caucus, dans l'Iowa, dans le Nevada ou encore en Caroline du Sud en février, sont loin d'être anodins. Ils permettent de faire émerger des favoris, en leur apportant une certaine légitimité auprès du public et des médias. "Les électeurs des premiers Etats ont une grande influence dans la détermination du candidat investi, confirme Caitlin Jewitt. Souvent, des candidats abandonnent après quelques Etats seulement."
Du côté républicain, un débat entre les candidats aura lieu le 21 janvier, moins d'une semaine après les caucus de l'Iowa. Un temps fort de ces élections interviendra ensuite le 5 mars, avec l'organisation de votes dans pas moins de 17 Etats et territoires américains. Alabama, Californie, Minnesota, Texas, Virginie... Cette journée de vote est connue comme le "Super Tuesday". Dans le camp républicain, pas moins de 874 délégués seront en jeu. Ce jour-là, les Américains devraient avoir une idée plus précise des futurs prétendants à la Maison-Blanche.
Régulièrement, "un candidat devient le candidat investi présumé avant la fin" des primaires, pointe Caitlin Jewitt. "Soit parce qu'il a obtenu 50% des délégués, soit parce que ses concurrents se sont retirés de la course." Les délégués sont attribués aux différents candidats selon leurs résultats lors de ces primaires et caucus. Ils se rendent ensuite aux conventions nationales des partis, un autre moment-clé de cette période électorale.
Comment les partis désignent-ils leur candidat ?
Les Etats et partis ont différentes règles pour définir le nombre de délégués attribués aux candidats, selon leurs résultats aux primaires et caucus. Comme l'explique Caitlin Jewitt, "le parti démocrate demande que les Etats aient recours à une représentation proportionnelle, à partir d'un seuil de 15%". Autrement dit, tout candidat ayant recueilli plus de 15% des voix lors des primaires se voit attribuer un certain nombre de délégués, déterminé selon le pourcentage de votes obtenus. Dans le camp républicain, des Etats optent pour la proportionnelle ou pour le principe du "Winner Take All" ("le gagnant emporte tout"). Le candidat en tête obtient ainsi l'ensemble des délégués de l'Etat pour le parti.
Ces délégués peuvent être "des membres du parti qui se sont portés candidats pour être délégués, des élus locaux, des conseillers municipaux" ou autres responsables politiques, détaille Ludivine Gilli. Ils voteront ensuite lors des conventions, un événement dédié à l'investiture officielle du candidat de chaque parti à la Maison Blanche. La convention du parti républicain aura lieu du 15 au 18 juillet à Milwaukee et celle du parti démocrate se tiendra du 19 au 22 août à Chicago. Si aucun candidat n'obtient la majorité des voix des délégués après un premier vote, de nouveaux tours sont organisés.
Qui sont les candidats républicains ?
Sept figures du parti républicain sont en lice pour représenter le "Grand Old Party" à l'élection présidentielle. Le premier d'entre eux est l'ancien président Donald Trump. Sa campagne est marquée par les nombreuses affaires judiciaires le visant et par la question de son éventuelle inéligibilité. Fin décembre, la Cour suprême du Colorado et la secrétaire d'Etat du Maine ont déclaré qu'il n'était pas éligible dans leurs Etats respectifs. La Cour suprême américaine doit bientôt se pencher sur le sujet. Avant son verdict, le nom de Donald Trump apparaîtra encore sur les bulletins de vote dans ces Etats.
Deux candidats, Ron DeSantis et Nikki Haley, sont à ce stade les principaux concurrents du milliardaire. Le premier, confortablement réélu gouverneur de Floride en 2022, présente son Etat comme un laboratoire de la politique ultraconservatrice qu'il aspire à mettre en place aux Etats-Unis. Atteintes envers le droit à l'avortement et les droits des personnes LGBT, révisions de programmes scolaires... Pour Ron DeSantis, la Floride est l'Etat où "la culture woke meurt". Sa candidature a toutefois décroché au fur et à mesure que Donald Trump grimpait dans les intentions de vote, dans un "jeu de vases communicants", relève Ludivine Gilli.
Nikki Haley a gouverné la Caroline du Sud de 2011 à 2017, avant de devenir l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU au cours de la présidence Trump. Très respectée dans ce rôle, Nikki Haley tente d'être une voix un peu plus modérée au sein des républicains. Elle défend toutefois des politiques conservatrices, relève Vox. "Elle est totalement opposée à l'avortement, mais depuis qu'elle est en campagne, elle évite de se prononcer sur une loi fédérale interdisant l'IVG", remarque Ludivine Gilli.
D'autres républicains sont lancés dans cette course à l'investiture : l'entrepreneur trentenaire Vivek Ramaswamy, issu du secteur des biotechnologies et surnommé "le PDG d'Anti Woke" par le New Yorker ; l'ancien gouverneur de l'Arkansas Asa Hutchinson ou encore le pasteur texan Ryan Binkley.
Joe Biden a-t-il des rivaux côté démocrates ?
Pour les primaires démocrates, l'actuel président des Etats-Unis, candidat officiel depuis le mois d'avril, fait face à deux autres prétendants. Sa nomination est néanmoins presque assurée du fait de son statut de chef de l'Etat sortant.
"Le choix du parti démocrate a été de repartir avec Joe Biden."
Ludivine Gilli, docteure en histoireà franceinfo
Marianne Williamson et Dean Phillips restent toutefois en lice pour les primaires et caucus démocrates. La première se représente à nouveau, après avoir déjà tenté sa chance en 2020. Auteure spécialiste du développement personnel, elle est l'ancienne conseillère spirituelle de la célèbre animatrice Oprah Winfrey, rapporte le New York Times. Cette démocrate appelle à des réparations pour les descendants d'esclaves, à la formation d'un ministère de la Paix et défend la gratuité des gardes d'enfants. Elle a cependant défendu des théories médicales controversées voire fausses. Son concurrent Dean Phillips, élu du Minnesota à la Chambre des représentants, défend le bilan de Joe Biden mais appelle à "une nouvelle génération de dirigeants américains".
Que disent les sondages ?
Sans surprise, Joe Biden est très loin devant ses concurrents pour les primaires démocrates : le 9 janvier, il recueillait 71,3% des intentions de vote, contre 6,1% pour Marianne Williamson et 2,9% pour Dean Phillips, d'après le site FiveThirtyEight.com. Depuis le mois de mai, les intentions de vote pour le président sortant évoluent entre 58% et 71%, tandis que ses concurrents stagnent sous la barre des 10%.
Côté républicain, Donald Trump se maintient largement en tête, à plus de 50% des intentions de vote depuis le mois d'avril, toujours selon FiveThirtyEight. Le 10 janvier, il recueillait 61,3% des intentions de vote, contre 12,5% pour Ron DeSantis et 11,5% pour Nikki Haley. Les autres candidats restent loin derrière ce trio : Vivek Ramaswamy atteignait 4,5% des intentions de vote, Asa Hutchinson 0,9%.
Si ces études d'opinion se confirment, Joe Biden affrontera donc de nouveau Donald Trump le 5 novembre. Des sondages réalisés en décembre et relayés par FiveThirtyEight donnent, à ce stade, le républicain légèrement en avance par rapport au président sortant.
Quels seront les enjeux des scrutins ?
Les affaires judiciaires visant Donald Trump devraient représenter un sujet de taille pendant ces primaires. L'ancien président a fait l'objet de quatre inculpations et il est visé par 91 chefs d'accusation, rappelle CNN. Plusieurs de ses procès doivent d'ailleurs débuter en pleine campagne électorale : son procès à Washington, pour avoir tenté d'inverser les résultats de la présidentielle de 2020, doit débuter le 4 mars... à la veille du "Super Tuesday". Un autre procès, cette fois-ci pour avoir conservé des documents présidentiels confidentiels, est attendu à partir du 20 mai. Au total, six procès attendent potentiellement Donald Trump au cours des prochains mois. En parallèle, l'économie, notamment l'inflation, le droit à l'avortement ou encore l'immigration "seront certainement des sujets majeurs" durant la campagne, analyse Caitlin Jewitt.
Je n'ai pas eu le temps de tout lire, vous me faites un résumé ?
A partir du lundi 15 janvier et jusqu'au mardi 4 juin, des primaires et caucus sont organisés à l'échelle des Etats et des territoires américains afin de désigner les candidats du parti démocrate et du parti républicain à l'élection présidentielle. Pour être investi dans la course à la Maison Blanche, les républicains et démocrates en lice doivent obtenir une majorité de délégués, qui voteront ensuite lors de conventions cet été.
Les primaires et caucus démocrates s'annoncent a priori comme une formalité pour Joe Biden, qui bénéficie de son statut de président sortant. Côté républicain, Donald Trump fait figure de grand favori, avec plus de 50% des intentions de vote depuis le mois d'avril. Six autres candidats s'opposent à lui. Ces primaires républicaines devraient être marquées par les différents procès visant le milliardaire.
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