Corée du Sud : les parlementaires déclarent la guerre aux deepfakes pornographiques

Cette semaine, les députés ont changé la loi pour non seulement punir les individus qui produisent ces images pornographiques, mais également ceux qui les regardent.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
En Corée du Sud, les deepfakes pornographiques sont devenus un phénomène d'ampleur nationale. Photo d'illustration. (OSCAR WONG / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Les parlementaires sud-coréens ont commencé, jeudi 26 septembre, à s'attaquer aux deepfakes pornographiques, ces trucages informatiques très élaborés où des personnes malintentionnées manipulent des photos ou des vidéos à caractère sexuel. En Corée du Sud, c’est presque une crise nationale. Il y a des manifestations à Séoul, le gouvernement se mobilise, la police a même commencé de grandes descentes et des arrestations. Les autorités veulent vraiment mettre fin à cette épidémie de deepfakes pornographiques.

Pour produire ces deepfakes, des gens se servent de la puissance informatique des plateformes d’intelligence artificielle pour détourner des vidéos. Ils récupèrent l’image du visage d’une camarade de classe, d’une collègue ou d’une ancienne petite copine pour les superposer sur des scènes pornographiques. C’est assez simple. Il suffit d’un ordinateur un peu puissant. Ensuite, ces gens diffusent ces images truquées sur les réseaux sociaux, notamment sur Telegram, pour s’amuser, pour se venger ou pour gagner de l’argent. Depuis le début de l’année 2024, la police sud-coréenne assure qu’elle a enquêté sur plus de 800 vidéos deepfakes illégales, mais des milliers de jeunes femmes coréennes disent qu’elles sont victimes de ces trucages traumatisants. Dans beaucoup de cas, ce sont des adolescentes piégées par des garçons de leur école.

Jusqu'à 35 000 euros d'amende et sept ans de prison

Les députés coréens veulent durcir la loi pour effrayer les hommes qui utilisent ces vidéos. D’abord, les parlementaires ont alourdi, jeudi 26 septembre, les peines contre ceux qui fabriquent ces deepfakes sexuels avec l’intention de les distribuer. Maintenant, s’ils se font attraper, ils risquent une amende de 50 millions de wons, c’est-à-dire 35 000 euros et surtout une peine maximale de sept années de prison. Les peines seront particulièrement sévères si les victimes sont des mineures.

Les personnes qui achètent ces images, qui les téléchargent ou qui simplement les visionnent, en sachant pertinemment que ce sont des trucages, pourront désormais aussi être poursuivies. Le législateur les menace d’une amende de 20 000 euros et d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans. Là encore, les sanctions les plus lourdes seront prononcées si les deepfakes visent des mineures.

D’autres pays, notamment la France, commencent aussi à sanctionner la production de deepfakes. Mais la Corée du Sud va beaucoup plus loin. C’est l’une des premières nations à faire voter des sanctions contre les spectateurs de ces vidéos. Tout l’enjeu va être maintenant de réussir à appliquer cette loi.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.