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Etats-Unis : bientôt des robots armés dans les rangs de la police de San Francisco ?

La police de la ville californienne serait toute proche d'obtenir l'autorisation d'ajouter à son arsenal des robots, potentiellement tueurs. Une proposition polémique.

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le chef de la police de San Francisco, Bill Scott, le 28 octobre 2022. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Il ne faut pas s’imaginer un "Robocop" qui patrouillerait dans les rues de San Francisco mais plutôt d'un robot à roulettes de petite taille et la police américaine s’en est déjà servi, à Dallas. Vous vous en souvenez peut-être, c'était en juillet 2016 : un homme avait ouvert le feu sur des policiers dans la ville texane, tuant cinq agents. Il avait été retrouvé dans un parking par les forces de l’ordre qui avaient envoyé un robot équipé d’une bombe pour le faire… exploser. C’est de ce type d’engins dont on parle pour équiper la police de San Francisco.

L’équivalent du conseil municipal de San Francisco a voté à huit voix contre trois en faveur du recours à un robot. La maire, London Breed, doit encore entériner ce vote. Mais sachant qu’un communiqué de la mairie a déclaré "que si une technologie permet de stopper la violence et de sauver des vies, nous devons laisser la police s’en servir". On se dirige donc vers une validation.

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La police ne pourrait utiliser ce robot que dans des conditions bien particulières. Une loi californienne entrée en vigueur cette année oblige la police à faire l’inventaire de ses armes de type militaire et de demander l’autorisation explicite de s’en servir au gouvernement local. La police de San Francisco a 17 robots, mais aucun n’est armé, dit-elle, et elle ne prévoit pas d’y placer des armes. Une bombe, comme à Dallas, reste toutefois envisageable dans l’absolu, pour faire sauter un obstacle ou désorienter un suspect dangereux. Le conseil municipal a imposé trois conditions à l’utilisation : d’abord si et seulement si la vie de policiers ou de civils est menacée de façon imminente, ensuite si toutes les autres options de désescalade ont été envisagées et enfin que la décision soit réservée à un nombre limitée de policiers très haut gradés. La police d’Oakland, ville voisine de San Francisco, a eu une idée similaire, avant de renoncer sous la pression.

Des robots qui normaliseraient le fait de tuer quelqu'un ?

 
La proposition fait malgré tout débat. Des associations, des citoyens, des médias ont reproché ces dernières années à la police américaine de s’être militarisée. La crainte, c’est aussi d’ouvrir la boîte de Pandore en normalisant ces robot-tueurs. Le conseil municipal fixe des conditions très strictes au départ, mais vont-elles durer ? Pour l’une des conseillères qui a voté non, "un robot crée une distance qui rend le fait de tuer quelqu’un plus facile" et, dit-elle, "on ne veut pas que ce soit facile". Dans le New York Times, un spécialiste des questions de sécurité estime qu’un robot doit intervenir pour isoler les policiers du danger, or dans les cas présentés, le robot serait seul face au suspect donc pas besoin qu’il soit transformé en arme létale. Une tribune ironique du quotidien USA Today suggère qu'"aucun doute, tout va bien se passer". Sur Fox News, un universitaire de Duke dénonce une "idée horrible", avec "des décisions sorties tout droit de la franchise Terminator." Ironique là aussi, puisque Fox News, un média conservateur, est plutôt du genre à accuser San Francisco d’être trop libérale et trop laxiste face aux criminels.

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