Cet article date de plus de deux ans.

États-Unis : la Californie interdit la vente de voitures thermiques neuves à partir 2035

Souvent à la pointe dans la lutte contre le dérèglement climatique, la Californie devient le premier État américain à prendre cette décision.

Article rédigé par franceinfo, Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un voiture électrique branchée pour charger sa batterie à San Francisco, le 9 mars 2022. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

La Californie a annoncé, cet été, une mesure ambitieuse : interdire la vente de voitures à essence neuves à partir de 2035 - dans seulement 13 ans donc, à l'image du texte adopté par le Parlement européen. La loi a été validée à la fin du mois d'août, toujours dans l’idée directrice de l’État de limiter au maximum ses émissions de CO2. Or, le principal responsable est le transport, d’où cette politique audacieuse en 13 ans. Les autorités précisent que le passage au tout électrique sera progressif, ne serait-ce que parce qu’une voiture roule en général encore 20 ans après son achat.

>> Fin des ventes de voitures thermiques en 2035 : le tout électrique est "un pari risqué", estime le président de la Plateforme automobile

La loi californienne prévoit 35% de voitures électriques vendues en 2026 - contre 16% aujourd’hui - puis 68% en 2030 et donc 100% après 2035. Que l’on soit clair, il n’est question que de voitures neuves. Les Californiens pourront toujours évidemment acheter une voiture à essence dans un autre État s’ils le souhaitent et continuer à utiliser leur voiture à essence actuelle. Ils auront également toujours le droit d’acheter des voitures à essence d’occasion.

Une loi qui va nécessiter de nombreux changements

Les constructeurs automobiles sont déjà tournés vers l’électrique : Ford produit une camionette sans émission par exemple. Mais ils ont des doutes sur la rapidité à laquelle la Californie demande ces changements. Des militants écologistes trouvent au contraire qu’elle en fait trop peu et trop tard. Selon eux, la baisse les émissions passe de toute façon par moins de voitures, pas seulement remplacer les véhicules à essence par des versions électriques, qui posent d’autres types de problèmes, notamment pour le recyclage des batteries usagées. Côté conservateurs, beaucoup estiment le plan irréaliste : les voitures électriques coûtent très cher, 66 000 dollars en moyenne en ce moment. Les prix vont baisser mais pour les ménages à bas revenu, cela reste de l’ordre de l’impossible.

Autre problème, plus général, le risque de pénurie des matériaux pour les batteries, le lithium par exemple. Et puis, on l’a vu, début septembre, en pleine vague de chaleur les autorités locales ont demandé de ne pas recharger sa voiture électrique entre 16h et 21h pour diminuer la pression sur le réseau. Sans parler des chargeurs, qui sont plus nombreux en Californie qu’ailleurs, mais pas suffisants si le nombre de voitures électriques passe de moins de 10% aujourd’hui à ne serait-ce que 50% dans 10 ans. L’État n’a pas encore les infrastructures pour faire face à une hausse significative de la consommation électrique. Est-ce que ce sera le cas dans 13 ans ?

La Californie pourrait donner le ton pour les reste des États-Unis

Dans les années 1970, le Golden State a obtenu une sorte de dérogation pour fixer ses propres standards en matière d’émissions, plus exigeants qu’au niveau fédéral. Comme les constructeurs n’aiment pas fabriquer deux versions du même modèle, ils ont tendance à suivre ce que demande la Californie, le premier marché automobile du pays. Une quinzaine d’États, dont la Virginie, Washington ou le Massachusetts, copient plus ou moins les programmes dans ce secteur. Ce devrait être le cas une fois encore.

De plus, Pete Buttigieg, le ministre des transports de Joe Biden, a déclaré trouver l’idée "intéressante". On peut imaginer donc que l’État fédéral se penche également sur la question mais toute avancée dans ce domaine dépendra en partie du résultat de l’élection présidentielle en 2024. Les républicains raffolent moins de l’idée que les démocrates. La route est longue de toute façon : sur 250 millions de véhicules aux États-Unis, pour l'instant, moins de 1% sont électriques.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.