Fraudes bancaires : à Singapour, la police peut désormais bloquer les virements de victimes "aveuglées"

Faux agents, faux sites mais surtout arnaques à l'amour... face à ces fraudes en hausse, le parlement singapourien a voté cette semaine une loi pour que la police puisse intervenir directement sur un compte qui semble régulièrement arnaqué.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sur les six premiers mois de 2024, 27 000 arnaques ont été recensées, pour un montant perdu de 274 millions d’euros. Photo d'illustration. (PHOTOGRAPHY BY SIMON BOND / MOMENT OPEN)

Comme tous les pays, Singapour s’inquiète de l’envolée de la fraude bancaire. De plus en plus de personnes se font convaincre de virer de l’argent sur des faux sites de commerce en ligne ou pour de faux investissements. Pour mettre fin à ces escroqueries, la police singapourienne a maintenant le droit de prendre le contrôle total de comptes en banque de particuliers. 

Cela fait des mois que le gouvernement tire la sonnette d’alarme sur ce sujet qui touche maintenant tous les pays. Il y a de plus en plus de fraude bancaire par le biais des réseaux sociaux et à Singapour, dans plus de 80% des cas recensés, les victimes de ces arnaques ont volontairement transféré de l’argent aux escrocs. Personne n’a pris le contrôle de leur compte bancaire, mais des gens les ont convaincus, en ligne, de faire ces virements.

Des sommes données aux escrocs volontairement

Le procédé pernicieux commence souvent sur Telegram, sur WhatsApp, sur Instagram ou encore sur Facebook. Il y a plein d’arnaques possibles. Cela peut être quelqu’un qui se fait passer pour un fonctionnaire qui demande à la victime un transfert pour un problème d’impôt. Il y a aussi de faux sites de commerce en ligne qui proposent de très bons produits à des prix cassés ou alors des arnaques sur un investissement immobilier qui promet des profits incroyables.

Beaucoup de gens sont aussi piégés par des love scams, des arnaques à l’amour. Une jeune femme ou un jeune homme, à l’étranger, flirte avec la victime en ligne pendant des semaines. On tombe amoureux et soudain, le partenaire a besoin en urgence d’une grosse somme d’argent pour un problème médical ou professionnel. Au total, sur les six premiers mois de 2024, Singapour a recensé presque 27 000 arnaques pour un montant perdu de 274 millions d’euros.

Contourner l'accord de la victime

Désormais, la police de Singapour veut prendre le contrôle des comptes pour empêcher ces fraudes. Elle aura le droit d’intervenir, sans l’accord de la victime, si elle constate que les virements vers les fraudeurs ne sont pas interrompus. Dans beaucoup de cas, les victimes ne veulent pas croire qu’elles sont arnaquées. Une situation courante notamment avec des personnes âgées isolées.

Dans ces cas-là, la police va demander aux banques de bloquer toutes les transactions du compte de la victime. Que ce soit des ordres en ligne, sur le smartphone, ou des manipulations au guichet automatique. La banque laissera seulement les victimes retirer de l’argent pour vivre au quotidien ou pour payer leurs factures.

Cette prise de contrôle du compte a une durée dans le temps. Pour l’instant, la police a le droit d’imposer ces restrictions pendant 30 jours. Mais elle peut aussi étendre cette période, cinq fois, si elle constate que la victime ne change pas de comportement ou si l'enquête ne parvient pas à neutraliser l’arnaqueur, qui dans la plupart des cas est caché à l’étranger.

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