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C'est comment ailleurs ? La "théorie du ruissellement" aux Etats-Unis

Alors que la "théorie du ruissellement" est mise en avant pour illustrer les futures baisses d’impôts des plus riches, franceinfo s’intéresse aux Etats-Unis où est née cette idée         

Article rédigé par franceinfo, Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président américain Ronald Reagan en 1984 (UPI)

Si Emanuel Macron utilise le terme de "premier de cordée" pour justifier l’allègement fiscal des plus fortunés, ses opposants l’accusent de vouloir reproduire l’exemple américain de la "théorie du ruissellement".

Reagan

La "théorie du ruissellement" a été mise en avant au début des années 80 par Ronald Reagan qui vient alors d'arriver à la Maison Blanche. L'équipe de nouveau président reprend alors à son compte cette "théorie" qui affirme que quand une personne riche paie moins d'impôts (et garde donc plus d'argent pour elle), cet argent supplémentaire va ruisseler (grâce aux dépenses) sur ceux qui sont en dessous, c’est-à-dire les moins riches, qui à leur tour bénéficieront de cet argent.

Théorie économique ou politique ?  

Les avis sont partagés sur le caractère scientifique de cette théorie. Certains estiment qu’il s’agit d’une vraie théorie économique en reprenant les travaux de l’économiste américain Athur Laffer, qui affirmait que "trop d'impôt tue l'impôt. Ce qui d'ailleurs n'est pas exactement la même chose que le ruissellement automatique de l'argent des riches sur les pauvres.  

D'autres disent au contraire que cette affaire de ruissellement n’a jamais été mise en évidence scientifiquement et qu’il s’agit avant tout d’une théorie politique utilisée par la très libérale équipe économique de Ronald Reagan.  

Très grosses baisses d’impôts

Le but était de faire baisser les impôts des Américains les plus fortunés et parallèlement de supprimer ou réduire de nombreuses aides sociales, que l'impôt (en baisse) ne pouvait plus financer.  

Pour avoir une idée de la baisse de l'impôt sur les revenus des plus riches Américains, il faut rappeler qu’en 1980, leur taux marginal d'imposition était de 70% et qu’en 1987, il n'était plus que de 28%.   

Plus d’inégalités   

Aujourd'hui, avec 35 ans de recul, on peut dire que ce "ruissellement" n’a pas fonctionné aux Etats-Unis puisque les riches sont devenus plus riche, les pauvres plus pauvres, et la taille de la classe moyenne a diminué.  

La preuve en chiffres. En 1981, les 1% des Américains les mieux payés gagnaient 27 fois plus que les 50% des moins bien payés. En 2014, ils gagnaient 80 fois plus.

Pas plus de croissance

Si les inégalités se sont creusées, la croissance du PIB, elle, ne s’est pas mieux portée. Ainsi la croissance annuelle moyenne des Etats-Unis depuis 1980 est plus faible que la croissance annuelle moyenne entre 1960 et 1980.  

Plus généralement, en 2015, le Fond monétaire international (FMI) a conclu dans une étude que l'inégalité des revenus était mauvaise pour la croissance. Et sa patronne Christine Lagarde pointait de son côté que relever les revenus des plus pauvres renforcerait la croissance. C’est donc l'inverse du ruissellement. On pourrait presque appeler cela la "théorie du geiser".

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