C'est dans ma tête. La lutte contre la pollution atmosphérique
Des mesures de circulation alternée ont été mises en place, ces dernières semaines, dans plusieurs villes, pour lutter contre la pollution atmosphérique. Or, un sondage ODOXA, réalisé pour Le Parisien montre que 50% des gens pensent que cette lutte est importante mais pas prioritaire.
Comment expliquer ce sondage peu encourageant ?
Je crois que ces résultats font apparaître deux problèmes. Le premier, c’est une difficulté à comprendre la pollution atmosphérique et ses conséquences.
D’où viendrait cette difficulté ?
De plusieurs choses auxquelles, je crois, on ne réfléchit pas assez.
D’abord au fait qu’il n’est pas facile de réaliser la gravité de quelque chose que l’on ne peut ni voir ni toucher. Et, à cet égard, ce qui se passe aujourd’hui par rapport à la pollution, fait un peu penser, toutes proportions gardées, à ce qui s’est passé en 1850, Quand un médecin hongrois, SEMMELWEISS, a découvert que c’est parce que les médecins qui les accouchaient avaient les mains sales que les femmes mouraient par centaines, en couche. Comme on ignorait, à cette époque, l’existence des microbes, on l’a pris pour un fou.
Aujourd’hui personne ne pense qu’il est délirant de parler de pollution mais on ne croit pas vraiment à sa gravité. Et ce d’autant plus que, imaginer que la terre, l’air et l’eau, qui sont les éléments de base de notre vie peuvent être nocifs est vraiment très angoissant. Donc on préfère ne pas y croire ou, du moins, relativiser le danger.
Privilégier le bien collectif
Le second problème c'est que, même si on admet l’existence de la pollution il faut, pour lutter contre elle, accepter de renoncer à des avantages personnels et privilégier le bien collectif.
Or ça, ce n’est pas simple. Et l’étude et le sondage évoqués le montrent. La moitié des gens interrogés contestent la mise en place de la circulation alternée. Ils le justifient en s’appuyant sur les conditions de cette mise en place. Mais ce n’est pas le fond du problème. Parce que près de 80% des gens disent, par ailleurs qu’ils seraient opposés à une taxe de 2 centimes d’euros sur le diesel ou l’essence. C’est la preuve qu’ils ne croient pas vraiment à la dangerosité de la pollution et qu’ils ne sont pas prêts à la lutte.
A quoi tient cette réticence à lutter contre la pollution ?
Ça tient essentiellement, je crois au fait que, à notre époque le collectif et la solidarité ne sont pas vraiment "tendance" comme on dit. On le constate sur le plan politique où les théories qui divisent les gens pour rejeter une partie d’entre eux (au motif qu’ils n’auraient pas la "bonne" couleur de peau, la "bonne" nationalité ou la "bonne" sexualité) se multiplient.
On peut difficilement imaginer, dans un tel contexte, des actions vraiment solidaires. Et c’est vrai aussi dans la "Psy" qui nous prêche, majoritairement, l’individualisme, le développement personnel, et les petits "kifs" de bonheur que l’on pourrait se faire, chacun dans son coin, sans s’occuper du sort du monde.
Tout cela éloigne du collectif et c’est grave
Parce que, par rapport à la pollution, comme par rapport à la crise économique, il n’y a qu’en faisant face ensemble que l’on pourra s’en sortir. Et il devient de plus en plus urgent d’y réfléchir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.