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C'est dans ma tête. Les violences verbales

  Une campagne sur les violences verbales a lieu en ce moment.

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La campagne sur les violences verbales envers les enfants décryptée par la psychanalyste Claude Halmos. (TETRA IMAGES - JESSICA PETERSON / BRAND X)

La campagne sur les violences verbales, qui a lieu en ce moment, dénonce l’impact que peuvent avoir, sur les enfants, les paroles blessantes qui leur sont dites. Les précisions de la psychanalyste Claude Halmos.

Les paroles blessantes peuvent-elles avoir des conséquences graves sur les enfants ?  

Elles peuvent avoir des conséquences très graves. Pourquoi ? Parce qu’un enfant aime toujours ses parents et croit toujours ce qu’ils lui disent. Donc, s’ils dénigrent son physique, ses capacités intellectuelles ou ses réactions affectives, il se construit avec cette image négative de lui-même, et elle peut hypothéquer sa vie entière.    

Donc cette campagne vous semble justifiée ?  

Tout ce qui peut aider les enfants à moins souffrir est justifié. Mais cette campagne me semble problématique parce que, comme l’avait fait celle sur la fessée, elle ne fait pas la différence entre les dérapages occasionnels des parents aimants qui, tout en étant fiers de leurs enfants et en les soutenant, peuvent un jour, sous le coup de la colère, leur dire une chose blessante. Et les actes délibérés et répétés des parents maltraitants qui critiquent systématiquement et méthodiquement leurs enfants, parce qu’ils jouissent de les rabaisser et de les humilier.

Or cette distinction est essentielle. Parce que, dans le premier cas, l’enfant étant donné le reste de sa vie, peut relativiser ce qui lui est dit, alors que dans le second cas il ne peut qu’en être détruit.  

Vous pensez que cette confusion peut avoir des conséquences ?  

Cette confusion est grave, d’abord pour les parents aimants, parce qu’elle ne peut que les culpabiliser. Mais elle est grave aussi pour les enfants victimes de violences verbales. Parce qu’en faisant passer pour de la maltraitance ce qui n’en est pas, on banalise la véritable maltraitance psychologique et le supplice quotidien que vivent certains d’entre eux.

Et c’est d’autant plus grave que, quand ils deviennent adultes, ces enfants maltraités ont souvent eux-mêmes tendance à banaliser la violence verbale dont ils ont été l’objet. Alors qu’ils auraient besoin, pour se reconstruire, d’en reconnaître la gravité.    

Ils la banalisent de quelle façon ?  

Ils le font en se persuadant que leurs parents ne se rendaient pas compte de ce qu’ils faisaient. Ce qui est impossible. Parce que l’on peut, la première fois, blesser quelqu’un sans l’avoir voulu. Mais, quand on voit sa réaction, on le comprend. Donc, si l’on continue, c’est en toute connaissance de cause. Et ils le font aussi en affirmant que leurs parents, malgré tout, les aimaient.

Ce qui prouve une fois de plus combien il est difficile d’accepter que l’amour des parents puisse être soit absent soit mauvais. Je crois que cette campagne, pleine de bonnes intentions, élude les questions que pose la véritable maltraitance. Tout en présentant aux parents "normaux" un idéal de leur fonction, qui mériterait pour le moins d’être interrogé….  

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