C'est dans ma tête. Vacances : le Covid dans les bagages ?
Bientôt les vacances et le plaisir de faire ses bagages, de penser à un repos tant attendu cette année... Mais le Covid reste l'ombre au tableau. La psychanalyste Claude Halmos nous donne quelques pistes pour vivre au mieux ces congés d'été.
Des milliers de Français s’apprêtent à partir en vacances. Une période de l’année que l’on attend toujours avec impatience, et particulièrement cette année, où beaucoup ont l’impression qu’elles vont leur permettre de retrouver une liberté perdue depuis plus d’un an. Pourtant, il y a des ombres au tableau. La pandémie n’est pas finie, le variant Delta suscite des craintes, on ne sait pas ce que sera la rentrée...
franceinfo : Comment faire pour vivre au mieux ces vacances ?
Claude Halmos : Les vacances même si, malheureusement, beaucoup de gens n’y ont pas accès, sont un temps dont nous aurions tous besoin. C’est le moment de l’année où nous pouvons redevenir propriétaires de nos journées, choisir ce que nous voulons en faire, et donc profiter de ce qui compte vraiment pour nous (les gens que nous aimons, les choses que nous aimons faire…). Et surtout – ce qui est absolument essentiel – nous reposer, sur le plan psychologique, de la vie sociale.
Cela consiste en quoi ?
Nous pouvons, en vacances, laisser notre corps retrouver le vieux short, et les vielles espadrilles dans lesquels il est tellement à l’aise. Et, de la même façon, nous pouvons délivrer notre tête des contraintes que nous devons nous imposer, tous les jours, pour exister dans le monde du travail. Et qui (même si nous adorons notre travail) nous font souvent violence.
Une violence dont on ne parle pas assez, parce que ce qu’impose au psychisme le monde du travail est une part de la psychologie qui n’est pas prise en compte, et étudiée autant qu’il le faudrait. Et cette mise au repos est d’autant plus nécessaire cette année que nous avons dû déployer, depuis un an, encore plus d’énergie pour nous adapter, dans un contexte très anxiogène, au télétravail.
Pourtant côté Covid, tout n’est pas réglé…
Non. Et c’est un problème parce que, pour vivre de façon positive une période de rupture, il faut être rassuré sur ce que l’on va retrouver, quand elle va se terminer. Or, pour l’instant, nous ne sommes sûrs de rien. Et nous sommes donc partagés entre l’envie que nous aurions d’ignorer cette incertitude, et d’envoyer balader toutes les limites, comme des animaux trop longtemps enfermés, dont on ouvre enfin la cage. Et la raison, qui nous conseille de ne pas faire n’importe quoi. Avec évidemment deux risques : nous jeter "à corps perdu", dans des vacances sans protection, comme si tout danger était écarté. Ou, à l’inverse, ne voir que le danger, et nous interdire d’en profiter.
La vérité est entre les deux. Comme quand un médecin nous dit que, même si nous allons mieux, nous ne sommes pas guéris, et qu’il faut continuer le traitement jusqu’au bout. Et cela nous oblige à sortir du "tout ou rien". Ce qui peut être d’ailleurs l’occasion de découvrir que ne pas avoir "tout", ce n’est pas pour autant n’avoir "rien" ; et d’apprendre à nous débrouiller un peu mieux de cette notion de "manque" qui est toujours si difficile à supporter. Alors, bonnes découvertes à tous, et surtout bonnes vacances !
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